Local Gestures
because the personal is cultural
Peter Trosztmer is both dancer and conductor in AQUA KHORIA, his collaboration with musician-digital artist Zack Zettle. Set within the dome of the SAT, Trosztmer evolves against a 360-degree animated projection that reacts to light and movement. In the middle of the floor: a small circular pond.
As we enter the room, we are surrounded by buoys, gently rocking their bells in the middle of the night. After the doors close behind the last spectator, Trosztmer whips the waters into a storm with his rain dance, looking like Mickey Mouse moving brooms about with his magic. The tumultuous waters swallow us into the calmness of its depth, pushes us back out, and ultimately pulls us back in. Follows an exploration of this underwater world, like an animated documentary without voice-over narration where experience is privileged over knowledge. A drop of water falls into the pond. (How nice it would have been had it been mic’ed.) As the pond is lit, we perceive its reflection as light play on the dome, a sky made of water. Sometimes I find myself believing that through art we’re looking to capture something of nature that we’ve lost: the chaos and the beauty. It would explain why there’s so much art in the city and so little in the country. Trosztmer approaches the water on all fours. When he finally dips his paws in, he stands but remains hunched over. We are simultaneously witnessing evolution and regression as a human being goes back to the water that we came from. The drop of water falls on him before turning into a stream in a quasi-Flashdance moment, as Trosztmer is now down to his underwear. We reach a cave of moving shadows as Trosztmer walks around the space holding a candle, and travel through a tunnel without taking a single step. Trosztmer then goes back to playing conductor with his movement, which espouses the shape of the dome: height and circumference, what we are guessing are the two main ways of controlling the sound. The music is provided by harp-like-sounding notes from a synthesizer backed by a chill beat, which ends up sounding like Muzak for a spa. We then find ourselves in what looks like lava inside a whale (or at least its bones), like Jonah. Soon, the whale is caught in a whirlpool and we are spat back out to the surface of the water, now calm again, as seagulls fly overhead. There is something of IMAX in the simplistic narrative followed here: exposition (calm waters), conflict (storm), journey (cave), climax (whirlpool), resolution (calm waters). Of course, we’re more interested in the 360-degree projection than we are in the dance. Who could possibly compete with technology? There could be a ten-inch screen broadcasting hockey behind a dancer and we’d find ourselves watching the game. Some transitions could have been smoother as the music, projection and performance keep changing at the same time, but ultimately AQUA KHORIA does play like an IMAX movie: pleasant while it lasts but otherwise unmemorable. October 11-21 www.tangente.qc.ca / www.danse-cite.org 514.844.2033 Tickets: 25$
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Je me souviens parfaitement du premier spectacle de danse contemporaine que j’ai vu à l’âge de 18 ans. Il m’a marquée à jamais et a ouvert en moi la conscience que ce qui est désagréable peut s’avérer fantastique et la certitude que ça vaut la peine de rester ouverte aux choses les plus étranges. C’était Zarathoustra de la Compagnie Ariadone de Carlotta Ikeda. Du butō. Je l’ai vu du poulailler de l’Opéra de Montpellier où je faisais mes études à ce moment-là. C’est du butō classique des premières années, avec des corps à moitié nus couverts d’argile blanche, complètement recroquevillés, les membres rétractés, les yeux révulsés… Les danseuses restaient prostrées au sol dans des mouvements minimalistes et je me disais : « C’est quoi, ce foutage de gueule? » Je fulminais. Mais bon, même quand je suis en colère, je ne sors pas de la salle parce que j’ai toujours l’espoir que quelque chose de bon va se passer. Et, effectivement, quelque chose s’est passé. À la fin du spectacle, du sable tombait en pluie fine sur la scène sous des éclairages dorés et subitement, j’ai été éblouie. Pas au sens « flabbergastée », mais profondément touchée. Par quoi? Je n’en savais rien, mais je suis sortie de là tellement sous le choc que j’étais sans voix, les larmes aux yeux. Je savais que quelque chose de merveilleux et de fondamental venait de se produire. C’était en 1981.
Les années 1980-90 en France Avant ça, j’avais adoré Maurice Béjart. J’avais des posters de ses danseurs dans ma chambre. Je me souviens particulièrement de La Flûte enchantée… des belles lignes néoclassiques. Et là, un autre monde s’ouvrait soudain à moi. Cette année-là était la première du Festival Montpellier Danse et j’ai eu la chance d’avoir accès à tous les spectacles parce que mon chum y travaillait comme éclairagiste. J’ai assisté à des spectacles extraordinaires qui m’ont beaucoup marquée comme Carolyn Carlson, avec Blue Lady, ou le Nederlands Dans Theater. Je ne sais plus ce qu’il dansait, mais ça m’avait beaucoup plu aussi. À cette époque, j’allais aux répétitions publiques de la compagnie de Dominique Bagouet et je prenais des cours de danse avec de jeunes chorégraphes professionnels dont je filmais parfois le travail. Dans les années 1990, je suis devenue journaliste et je me suis spécialisée en arts et culture. Je couvrais la danse de temps en temps et participais à des ateliers de médiation culturelle dès que j’en avais l’occasion. J’ai encore en mémoire un fabuleux stage avec Maryse Delente qui est aujourd’hui à la tête du Centre chorégraphique national de La Rochelle… Premiers souvenirs au Québec J’ai immigré au Québec un 26 avril. Le 29, c’était la Journée internationale de la danse et il y avait des cours gratuits un peu partout en ville. J’en ai pris le maximum et me suis rendue à un atelier avec Benoît Lachambre au fin fond d'Hochelaga-Maisonneuve. Le nom me disait quelque chose, mais je ne le connaissais pas. J’y vais, et là, il commence à nous faire danser avec les yeux. Je me dis : « Mais, c’est quoi ce truc? » Je trouvais ça complètement débile et j’ai profité de gens qui quittaient le studio pour filer moi aussi. Aujourd’hui, Benoît fait partie des artistes qui m’intéressent le plus et je donnerais cher pour participer à un de ses ateliers sur l’hyper éveil des sens. Je n’étais juste pas prête. Premières critiques La toute première critique que j’ai faite, c’était La Pornographie des âmes, en avril 2005. Je voyais déjà de la danse depuis longtemps, j’écrivais une chronique d’annonces arts et spectacles dans le journal L’Actualité médicale, mais n’avais jamais fait de critique. J’avais adoré La Pornographie des âmes qui m’avait émue aux larmes et ma critique était très positive. Ensuite, j’ai critiqué de manière plutôt sanglante un spectacle que j’avais trouvé détestable. Je n’y allais pas de main morte à l’époque. Je faisais des effets de style autant pour encenser un spectacle que pour le descendre. Comme beaucoup de jeunes critiques, je manquais de distance, de perspective, et je cherchais à me valoriser avec de belles formules. La critique, ça donne un pouvoir énorme et on peut facilement en abuser. Ça faisait cinq ans que j’avais immigré, j’avais beaucoup écrit en psycho/spiritualité/sociologie dans un magazine alternatif, je voulais me faire une place en danse, mais personne ne me connaissait. J’avais d’ailleurs souvent du mal à obtenir une invitation au spectacle. Et comme j’écrivais dans DFDanse, qui s’adressait surtout aux spécialistes, je ne prenais pas de gants. Ceci dit, si ma façon de dire les choses était critiquable, ma vision était quand même assez juste. Je me souviens que Francine Bernier [la directrice générale et artistique de l’Agora de la danse] m’avait dit : « Oh la la, toi alors, tu es culottée, hein! Mais tu écris noir sur blanc ce que tout le monde pense tout bas. » Cela m’avait confortée dans mes choix, mais je me questionnais quand même sur mon droit de critiquer aussi sévèrement des œuvres et des artistes. Alors je me suis inscrite à une formation sur l’élaboration du discours en danse contemporaine qui était offerte par le Regroupement québécois de la danse. J’y ai acquis des outils qui m’ont aidée à m’améliorer. Plus médiatrice que critique Dans DFDanse, qui était surtout lu par des gens du milieu, je pouvais faire preuve d’une intransigeance qui s’est adoucie spontanément quand j’ai commencé à écrire dans Voir. Je me rendais compte que je m’adressais à un plus grand public et que je ne pouvais pas tenir le même type de discours si je voulais que les lecteurs aient envie d’aller voir de la danse. Parce que mon objectif de base, ça a toujours été de démocratiser la danse et de la promouvoir. Pas de promouvoir des spectacles, comme se l’imaginent beaucoup d’artistes quand ils traitent avec des journalistes, mais de promouvoir la danse. Au fond, je me considère plus comme une médiatrice que comme une critique. J’ai d’ailleurs plutôt pratiqué le journalisme dans une perspective de médiation pour initier le public à la danse contemporaine que dans une perspective d’analyse critique pour faire évoluer la discipline. Le média dans lequel j’écrivais se prêtait bien à ça. Il faut dire aussi que l’appréciation d’une pièce dépend de tellement de facteurs : de la salle, de l’état dans lequel tu es, de ce que tu as vu la veille, du sujet qui résonne ou pas en toi, de toutes sortes d’affaires… Par exemple, La Pornographie des âmes qui m’avait tellement touchée à Tangente, je l’ai revue à l’Usine C et j’en ai vu tous les défauts. Et puis, je suis retournée la voir à la Cinquième Salle et j’ai retrouvé les émotions que j’avais ressenties à la première. Les exigences d’une spécialiste On me demande souvent si je me lasse à force de voir tant de spectacles, si l’intensité de ce que je peux ressentir diminue au fil du temps. Pas du tout! Ce qui diminue, c’est l’intérêt pour certaines formes et ma patience face au travail inabouti. Parce que je trouve qu’au Québec, et c’est ainsi pour toutes sortes de raisons, beaucoup de spectacles sont le résultat d’une recherche mais pas encore vraiment des œuvres. Et forcément, il arrive un temps où je n’ai plus vraiment envie d’aller voir la recherche d’un artiste qui pense avoir réinventé la roue alors qu’il fait ce que des dizaines, voire des centaines, d’artistes ont fait avant lui. Ça arrive particulièrement chez les jeunes artistes qui manquent de culture chorégraphique. J’ai mis longtemps un point d’honneur à aller voir le plus possible toutes les productions, mais ça fait beaucoup de soirées passées au spectacle. Alors aujourd’hui, oui, il y a des artistes émergents que je ne connais pas encore, mais je les découvrirai quand ils seront un peu plus matures et je serai plus réceptive à leur travail. C’est mieux pour moi et pour eux aussi. Je vais au spectacle pour élargir ma conscience, ma perception du monde et de moi-même. C’est pour ça que les œuvres plus mystérieuses ou a priori plus hermétiques m’intéressent : ce sont elles qui m’ouvrent le plus de nouvelles portes. En revanche, je trouve généralement plutôt vides les spectacles en forme de divertissement. J’admets qu’ils sont nécessaires et qu’ils ravissent un certain public, mais pour moi, ils sont stériles. Trouver du sens au-delà de la raison Le sens d’une œuvre de danse n’est pas forcément formulable, il ne passe pas nécessairement par un raisonnement. Je suis sûre qu’il y a des œuvres qui ont pris des années pour se frayer un sens à travers moi et j’ignore peut-être même quelle résonnance elles ont eue en moi parce que je n’ai pas forcément fait le lien entre quelque chose qui avait affleuré à ma conscience et un spectacle vu quelques années plus tôt. Mais je suis convaincue qu’il y a des œuvres qui agissent sur moi de façon durable, qui sédimentent quelque chose de l’ordre du sens et de la conscience au-delà de ma pensée. À ce propos, j’ai réalisé des entrevues avec un psychanalyste et une psychologue dans le cadre d’un article sur l’enfant-spectateur que j’ai écrit en 2015 pour un gros dossier sur la danse jeune public que m’avait commandé le Regroupement québécois de la danse. Je me demandais quel bénéfice il pouvait y avoir pour un enfant à assister à un spectacle de danse. Il en ressort que l’on reçoit la danse en premier lieu avec le corps, que l’abstraction favorise l’ouverture et l’activité de l’imaginaire et que l’enfant est un terreau particulièrement fertile parce qu’il n’est pas encore formaté. Il crée du sens à partir de la danse, qu’elle soit abstraite ou narrative, et cela favorise sa construction identitaire. Pour les adultes, c’est pareil. La danse est une affaire de partage : l’énergie du public nourrit les danseurs sur scène et le regard du spectateur complète l’œuvre. Le quatrième mur est plus poreux qu’on ne le pense. En ce sens, le spectateur n’est pas un simple consommateur de culture. Il est responsable de son corps, de ses perceptions et de son degré d’ouverture à une œuvre. Ça peut paraître un peu ésotérique comme discours, mais pour moi c’est une évidence. Après une formation en danse classique avec Alexandre et Daniel Seillier, Maïgwenn Desbois fait le grand saut vers la gigue contemporaine en interprétant durant une dizaine d'année pour Marie-Soleil Pilette. C'est en 2009 qu'elle présente sa première chorégraphie, Quasispace, choisissant de travailler avec des artistes professionnels différents et marginalisés (syndrome de Williams, syndrome d'Asperger) dans le cadre de la Biennale de gigue contemporaine à Tangente. En 2011 elle présente Dans ta tête et en 2013 Six pieds sur terre, toujours à Tangente. Ces deux pièces sont reprises au festival Vue sur la relève, dans l'espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des arts et au Théâtre du grand Sault. C'est en 2012 qu'elle fonde sa compagnie de danse et gigue contemporaine Maï(g)wenn et les orteils, gigueux atypiques et contemporains, l'amenant à tourner jusqu'en Suisse. Maïgwenn enseigne la danse à des enfants, adolescents et adultes vivant avec différents troubles d'apprentissage (autisme, déficience intellectuelle, syndrome de Williams, trisomie, etc.) en contexte de loisir, mais également à des artistes en formation professionnelle au Centre des arts de la scène Les Muses.
Quel a été ton premier amour en danse? Estelle Clareton lorsqu'elle dansait pour O Vertigo. Aussi Les Ballets Jazz de Montréal dans les années 90, avec Eric Miles, Éric Beauchesne, Cherice Barton, Edgar Zendejas, etc. Des commentaires (bons ou mauvais) qu’on a faits sur ton travail, lequel est resté avec toi? Il s'agît plus d'une réaction que d'un commentaire, mais qui m'a beaucoup marquée. Lors d'un tournage en compagnie de Kim Thuy, elle a assisté à un extrait chorégraphique où Anthony, mon interprète Asperger (autisme sans déficience intellectuelle), fait un monologue en dansant. Kim s'est mise à pleurer. Elle lui a ensuite demandé « Mais Anthony, où caches-tu cette voix? » Kim Thuy a un enfant autiste. J'ai alors réalisé tout le chemin qu'avait parcouru Anthony et tout l'impact que cela pouvait avoir de l'amener à s'exprimer ainsi sur scène. De quoi es-tu le plus fière? De constater jusqu'où j'ai réussi à amener mes interprètes et de voir qu'avec de la patience et beaucoup de persévérance, les progressions sont infinies et qu'en fait il n'y a pas de limites. Quel est ton rapport à la critique? Je suis extrêmement exigeante envers moi-même. J'accepte facilement la critique, en tentant toujours d'en tirer le meilleur et en prenant la peine de remettre en question mon travail, mes choix. De quoi la danse a-t-elle besoin aujourd’hui? La danse à besoin de chorégraphes et de créateurs qui se mettent réellement en danger, en acceptant d'être eux-mêmes face à l'acte créateur sans tenter de se formater à une esthétique, une mode ou une tendance pour plaire aux diffuseurs ou à un public cible. Si on t’en donnait les moyens, quel fantasme de danse te paierais-tu? Partir en tournée à l'international avec mes interprètes pour aller voir ailleurs dans le monde ce qui se fait de similaire avec des interprètes atypiques. Partager, échanger, se nourrir de ce qui se fait ailleurs. Qu’est-ce qui te motive à continuer de faire de l’art? Le sentiment d'être entendue. Le sentiment de réussir à entrer dans la tête des gens qui voient nos spectacles et de susciter en eux des réflexions et même de modifier leurs perceptions. Avec pas d’cœur 16-19 mars www.tangente.qc.ca 514.871.2224 Billets : 23$ / Étudiants : 19$ A minimalist at heart, Dorian Nuskind-Oder’s compositions emerge from a process that emphasizes economy of means and physical precision. Conceptual, but not cold, her work searches for poetic complexity through the cultivation of simple but ambiguous images. After completing her training at New York University and the Merce Cunningham Studio, Dorian worked as a freelance dancer and video editor in New York from 2004 until 2009, when she relocated to Montreal. Upon her arrival in Quebec, Dorian began collaborating with visual artist Simon Grenier-Poirier under the company name Delicate Beast. Supported by organizations like the Conseil des Arts de Montréal, Circuit-Est Centre Chorégraphique, Studio 303, and Tangente, the company has created four works, which have been presented in Montreal, Quebec City, Halifax, Boston, and Nottingham (UK).
Why do you move? It's pretty simple, actually: I move because it feels good and connects me to my body and the bodies of those around me. Also, it's virtually impossible for me to be dancing and thinking about my e-mail at the same time. What are you most proud of? In general, I have a lot of admiration for my own and other artists’ capacity to continue to create in the face of frequent rejection. I recently told someone that this sense of resilience is our superpower, and I totally believe that. What or who was your first dance love? I remember seeing John Jasperse's work for the first time at the American Dance Festival in 1999. I was sixteen. Up to that point, my training had been in classical ballet, and I had always felt like a bit of an outsider. Seeing John's work – which is really meticulous and prickly and sensual and cerebral – that was the first time I looked at a choreography and felt genuinely engaged. What does dance most need today? More time, less product. How do you feel about dance criticism? It is a process I am a part of, not something that is being done to me. Given the means, which dance fantasy would you fulfill? I'd build an Art Farm, a retreat in the woods where artists can come and work for intensive periods of time, while also hanging out with horses and dogs, and taking walks through wide open fields. I like living in the city, but I create more productively in places where I can see the horizon. I also like the idea of having a space that I could share with many other people. What motivates you to keep making art? The social nature of performance-making and performance-watching are super important to me. Both require a level of vulnerability and risk-taking that I otherwise would not experience in my day-to-day life. Looking at and making art requires a practice of remaining open and curious in the face of strangeness or not understanding. This practice feels important both to my own life and to society as a whole. Memory Palace February 25-28 www.tangente.qc.ca 514.871.2224 Tickets: 23$ / Students: 19$ Nous attendons l’entrée des boxeurs. Nous sommes assis des quatre côtés d’une scène carrée surélevée d’une dizaine de centimètres à peine, un pâturage vert pomme étroit. C’est un à un que les quatre interprètes de 4-OR, nouvelle création du chorégraphe Manuel Roque, foulent la scène : Lucie Vigneault, Indiana Escach, Mark Eden-Towle, Sophie Corriveau, chacun portant des vêtements de sport rivalisant de mauvais goût.
Leur danse se déploie dans une dizaine de positions répétées en canon, comme si la Levée des conflits de Boris Charmatz (FTA, 2013) se frottait au minimalisme de Nicolas Cantin. (Peter James, collaborateur de Cantin, signe d’ailleurs la dramaturgie de 4-OR.) La séquence initiale se reconstruit au gré des interprètes par la suite, conservant parfois le décalage du début, tombant par autres moments dans une synchronisation accidentelle ou voulue. Notre attention délaisse le spectacle pour un instant et, à notre retour quelques secondes plus tard, force est de constater que nous ne retrouvons pas ce que nous avons quitté. Confrontés à l’illusion que nous sommes toujours en train de regarder la même chose, nous sommes toujours en train de rater quelque chose. Les mouvements sont toujours les mêmes mais la chorégraphie n’est jamais pareille. Comme c’était le cas avec Charmatz, nous pensons à Wavelength, le film expérimental pseudo-minimaliste du cinéaste canadien Michael Snow. L’association est d’autant plus appropriée ici : comme trame sonore, Roque nous offre des enregistrements sur le terrain – souffles dans le micro inclus – dont un de vagues. Assistons-nous au spectacle le plus exigeant de Roque? Puis, de nulle part, la musique de la chanteuse d’origine cubaine Celia Cruz, tellement en décalé avec ce que nous regardons que certains spectateurs éclatent de rire. À peine deux semaines plus tôt, les chorégraphes Hanako Hoshimi-Caines et Maria Kefirova utilisaient la même technique pour The Paradise, proposition tout aussi minimaliste. Noir. Un nouvel éclairage offert par une seule ampoule suspendue au-dessus de la scène révèle de la fumée. Contraste avec l’univers précédent. Exit la danse, entre le théâtre. Corriveau, maintenant accoutrée d’un chandail angora rose, joue avec une vache et un dinosaure en plastique. Escach se dandine sous le tapis vert. Eden-Towle apparaît en caleçon et en veston. Portant un collant vert, torse nu, Vigneault applaudit au ralenti avec ses gigantesques gants de Mickey Mouse. De façon surprenante, Escach émerge de sous le tapis, arborant une robe qui reflète la lumière en pépites d’arcs-en-ciel. Dans une danse aguicheuse, son bassin décrit des cercles alors qu’il n’y a rien de séduisant à ce qui se passe autour d’elle. Nous sommes dans un monde d’apparence. La juxtaposition inexplicable d’éléments hétéroclites se manifeste telle une fracture psychique. Le moment qu’il nous séduit avec un brin de magie inattendu, Roque nous plonge dans le noir final. Le vilain. Je l’aime. 3-6 décembre www.tangente.qc.ca 514.871.2224 Billets : 23$ / Étudiants : 19$
The Paradise
November 19-22 www.tangente.qc.ca 514.871.2224 Tickets: 23$ / Students: 19$ About the photographer: Meryem Yildiz was born in Montreal. She is found in translation, writing and photography. www.meryemyildiz.com
Quelle est ta plus grande source d’inspiration en période de création?
Mes idées peuvent provenir autant de la culture populaire, du cinéma, des arts visuels, de la photographie que des multiples lectures que je fais. Pour ma pièce BLEACH, j’ai regardé des films (Vol au-dessus d’un nid de coucou, Girl, Interrupted, etc.) et lu quelques livres sur la santé mentale. Ensuite, je crée un canevas de travail à partir des informations et d’idées afin de guider les improvisations en studio. Au final, le travail que font les interprètes me nourrit artistiquement et teinte la proposition finale tout en conservant la forte trace de mon énergie et de ma signature. Les interprètes sont en avant-plan durant le processus et, sans dire que ce sont des muses, il reste que leur façon de bouger est la plus importante source d’inspiration dans mon travail. Qu’est-ce qui caractérise ton travail?
Des commentaires (bons ou mauvais) qu’on a faits sur ton travail, lequel est resté avec toi? Ce qui ressort, c’est le mot « assumé ». Je crois que ce commentaire est le plus important d’entre tous et c’est celui qui reste avec moi. Pour moi, c’est ce qui différencie le vrai du fake. Je peux recevoir des commentaires négatifs, mais si on mentionne le verbe « assumer », je crois que mon travail a été accompli et que je suis resté fidèle à moi-même. De quoi es-tu le plus fier? Je ne sais pas si on peut davantage parler de satisfaction que de fierté, mais je suis particulièrement heureux d’être entouré d’une gang d’interprètes talentueux avec qui j’ai travaillé à l’université et qui me suivent encore dans ma folie à travers mes multiples projets. Je suis transparent avec mes interprètes et je crois que cette sincérité apporte une certaine sécurité pour eux en ce qui a trait aux choix chorégraphiques que je prends. Je retire de la fierté de cette relation de complicité et de collaboration que j’ai su développer avec les gens qui travaillent avec moi. De quoi la danse a-t-elle besoin aujourd’hui? Je rêve d’une communauté de la danse sans hiérarchie, où l’on respecte et considère l’apport, l’histoire et la richesse de nos prédécesseurs, qui ont chacun à leur façon changé le visage de la danse et agit pour améliorer nos conditions de travail. D’un autre côté, il serait important que la nouvelle génération obtienne le même respect de la part de cette communauté en ce qui a trait à sa voix et sa pertinence dans le paysage chorégraphique québécois. Il serait faux de croire que l’aspect de compétition n’est pas présent lorsque vient le moment d’obtenir du financement dans un monde aussi contingenté que la danse contemporaine mais, entretemps, est-il possible de cohabiter avec une réelle convivialité? Quel est ton rapport à la critique? J’ai un côté très réactif à ce que je reçois comme critique et ma première impulsion est de toujours faire le contraire de ce qui a été dit afin de faire acte de rébellion. Par exemple, si on me dit que ma pièce est trash (je déteste ce mot, beaucoup trop galvaudé), je me dis que je vais faire encore plus trash. En plus, quand on débute dans le métier, les critiques ont tendance à comparer notre travail avec des chorégraphes aguerris même si on peut être à mille lieux l’un de l’autre dans nos préoccupations. Quand je reçois ce type de commentaires, j’ai juste le goût de faire un pied de nez à la critique en copiant sur scène tout ce qui pourrait être reproduit. Bref, j’ai ma première frustration et je vis ma première impulsion, mais ensuite j’agis passivement et je me dis que je n’en ai rien à foutre, que c’est seulement l’opinion d’une seule personne et que celle-ci ne détient pas la vérité. En conclusion, je continue à créer comme j’ai toujours fait, en me souciant de ma propre satisfaction avant de penser au regard extérieur. Avec quel artiste aimerais-tu collaborer? Dans mon projet le plus fou, j’aimerais collaborer avec le photographe David LaChapelle, que ce soit pour réaliser une chorégraphie pour un vidéoclip, un spot commercial ou un film. Plus près de chez nous, j’aimerais collaborer avec une chorégraphe qui m’anime mais qui est diamétralement opposée à mon type de gestuelle. Je suis interpellé par les défis et je crois qu’une collaboration avec Catherine Gaudet me permettrait de sortir de ma zone de confort tout en élargissant ma vision artistique. Qu’est-ce qui te motive à continuer de faire de l’art? C’est ma curiosité, ma soif d’aller au bout des choses, de me questionner sur ce qui m’entoure et de vouloir transmettre quelque chose; non pas un message, mais laisser une trace. C’est la volonté de vouloir me retrouver à travers ce que je mets en scène, performe, et chorégraphie. C’est de penser que l’art n’a pas de limites, de barrières, de tabous, et que tout se doit d’être abordé, même ce qui trouble notre confort. Je crois que de faire ma propre thérapie à travers l’art peut engendrer en partie une catharsis collective et c’est pourquoi je continue de faire ce que je fais. L’humain a un besoin viscéral de se libérer de certaines pulsions et quoi de mieux que de canaliser ces instincts à travers la création? BLEACH (Danses Buissonnières) 1-3 octobre à 19h30 & 4 octobre à 16h www.tangente.qc.ca 514.871.2224 Billets : 23$ / Étudiants : 19$ À propos de la photographe : Meryem Yildiz est née à Montréal. En plus de prendre des photos, elle écrit et elle traduit. www.meryemyildiz.com 1. Tragédie, Olivier Dubois (Danse Danse)
Avec son opus pour dix-huit danseurs nus, Dubois a abordé les grands thèmes (le passage du temps, la mortalité, la petitesse de la vie humaine, le rôle de l’art, l’humanité) en prenant son temps, en n’empruntant aucun raccourci facile, en laissant le sens émerger de lui-même. 2. Uncanny Valley Stuff, Dana Michel (Usine C) Avec Uncanny Valley Stuff, Michel a continué sa recherche entamée avec Yellow Towel, spectacle qui figure dans le top dix du magazine new-yorkais Time Out et pour lequel le prestigieux festival ImPulsTanz a créé un prix spécialement pour elle. Sa nouvelle courte pièce est toute aussi incisive mais encore plus drôle. En empilant les clichés sur les Noirs jusqu’à ce qu’ils s’entremêlent et se contredisent, Michel démontre l’absurdité de ces stéréotypes qui nous présentent une vision déformée du monde. 3. Antigone Sr.: Twenty Looks or Paris Is Burning at the Judson Church (L), Trajal Harrell (Festival TransAmériques) Antigone Sr. a probablement été le spectacle de danse qui a créé le plus de divisions cette année. On pourrait diviser le public en trois : ceux qui ont quitté la salle, ceux qui sont restés assis les bras croisés, et ceux qui se sont levés pour danser. Il n’est donc pas surprenant que le spectacle se retrouve dans mon palmarès. Il faut dire que je suis queer et que j’ai une affinité pour la danse post-moderne, ce qui me donne une double porte d’entrée sur le sujet. Pour ceux qui n’ont pas eu l’endurance nécessaire pour passer à travers ce défilé de mode DIY de deux heures, il serait bon de noter que les plus grands bals qui ont inspiré la pièce pouvaient durer jusqu’à dix heures de temps; comptez-vous chanceux! Peut-être comprenez-vous maintenant un peu mieux ce que c’est que de se sentir aliéné par la culture dominante. 4. Monsters, Angels and Aliens Are Not a Substitute for Spirituality…, Andrew Tay (OFFTA) Pour être honnête, lorsque j’ai vu la nouvelle pièce de Tay, qui vire de plus en plus dans le performance art, je me suis demandé si j’étais en train de regarder un artiste perdre la tête sur scène ou si Tay était en contrôle de son art. J’étais évidemment assez intrigué pour découvrir la réponse avec Summoning Aesthetics qu’il a ensuite présenté avec François Lalumière au Festival Phénomena. Conclusion : Tay continue dans la même veine ritualiste, sachant clairement dans quelle direction il va même s’il ne connaît pas nécessairement sa destination. J’ai admiré qu’il ait pris la décision de terminer Monsters sur une note différente de ce qu’il avait prévu pendant la représentation même. La misogynie latente qui avait l’habitude d’hanter ses pièces est disparue. Ce qui demeure est son ludisme, son humour et son ouverture aux expériences, peu importe ce qu’elles s’avèrent être. Si je me souviens bien, un spectateur avait qualifié Summoning Aesthetics « d’honnêteté perverse. » Cela me semble aussi approprié. 5. Built to Last, Meg Stuart (Festival TransAmériques) Avec Built to Last, Stuart (qui a reçu le Grand Prix de la Danse de Montréal) a abordé des thèmes similaires à ceux de Tragédie d’Olivier Dubois, mais de façon beaucoup plus théâtrale. En juxtaposant un immense mobile de notre système solaire avec une maquette d’un tyrannosaure et la danse contemporaine avec la musique classique, Stuart a démontré l’insignifiance des actions humaines et que notre seule rédemption possible se trouve dans l’art. 6. Florilège, Margie Gillis (Agora de la danse) Pour célébrer ses quarante ans de carrière, Gillis nous a offert cinq pièces de son répertoire revisitant les années 1978 à 1997. Par le fait même, elle nous a rappelé pourquoi elle est devenue une danseuse de telle renommée. L’intangible se manifeste à travers son corps, soulignant la fragilité de l’humain dans un univers chaotique. 7. Mange-moi, Andréane Leclerc (Tangente) Leclerc a utilisé la contorsion et la nudité pour aborder les relations de pouvoir entre les individus lorsque notre survie dépend des autres. Qu’elle puisse s’attaquer à de telles questions tout en offrant une des pièces les plus sensorielles de l’année démontre l’intelligence de son travail. 8. Tête-à-Tête, Stéphane Gladyszewski (Agora de la danse) Ma réaction à ma sortie de cette pièce de quinze minutes pour un seul spectateur à la fois : on doit donner à Gladyszewski tout l’argent dont il a besoin pour réaliser ses projets. Aucun autre chorégraphe n’arrive à intégrer la technologie avec autant d’adresse. Tête-à-Tête était à la fois intime, inquiétant et magique. 9. The Nutcracker, Maria Kefirova (Tangente) L’excentrique Kefirova a troqué l’écran vidéo pour des haut-parleurs et a démontré qu’elle maîtrise le son avec autant de flair que l’image. « Elle n’utilise pas le son pour meubler le silence comme le fond maints spectacles, mais pour matérialiser l’invisible, » disais-je. Difficile d’oublier la satisfaction ressentie lors de l’exutoire du tableau final, où Kefirova s’acharne à faire éclater des noix de Grenoble en morceaux en se servant de ses chaussures à talons hauts comme casse-noisette. 10. Junkyard/Paradis remix, Catherine Vidal (Usine C) J’espère avoir assez établi le fait que je suis un fan fini de Mélanie Demers pour pouvoir dire ceci (qui, je crois, n’est pas l’opinion populaire) : Junkyard/Paradis est probablement sa pièce que j’aime le moins. Lors de l’événement MAYDAY remix, où la chorégraphe a laissé des artistes remixer son travail, la metteure en scène Catherine Vidal a donné au spectacle la structure dramatique qu’il méritait avec une fin des plus jubilatoires. 11. loveloss, Michael Trent (Agora de la danse) Extrait de ma critique : « Trent n’a toujours pas peur de prendre le temps qu’il faut. De plus, il évite ici l’humour, le théâtral et le mouvement séducteur (athlétique, rapide, synchronisé), toutes ces astuces que des chorégraphes moins confiants utilisent pour que leur dance soit plus accessible. L’interprétation est sentie sans être affectée. loveloss est une œuvre touchante … » 12. Milieu de nulle part, Jean-Sébastien Lourdais (Agora de la danse) Pour la performance de l’année, celle de Sophie Corriveau, qui s’est méritée la toute première résidence de création pour interprètes offerte par l’Agora de la danse. Notons que le diffuseur s’est démarqué avec une programmation solide pour une deuxième année consécutive.
C’est un jeu d’ombres qui entame F O L D S. La silhouette d’une immense tête se dessine doucement devant nous, d’abord à peine perceptible dans la noirceur d’où elle émerge. Alors que la lumière en arrière-scène se fait un peu plus insistante, clarifiant les contours, on remarque que les têtes se multiplient, allant grandissant alors qu’elles se rapprochent de nous. Au milieu de cette multiplication, on entrevoit la tête originelle, celle de Germain. Comme dans ses œuvres précédentes, la chorégraphie est lente, douce, méditative. En deuxième partie, le théâtre d’ombres est abandonné en faveur d’un dispositif vidéographique qui une fois de plus multiplie l’image de Germain et de sa partenaire Hélène Messier. Ces apparitions digitales disparaissent en fumée, nous submergeant dans un monde fantomatique. Le dispositif crée aussi un effet miroir qui souligne l’interaction entre le réel et le virtuel. Le corps apparaît comme un contrôleur de jeu vidéo parfaitement calqué sur celui-ci. On voit dans F O L D S les films du célèbre cinéaste d’animation canadien Norman McLaren, dont son classique Pas de deux. L’installation de l’artiste visuelle Lenka Novakova fait aussi penser au travail de Lemieux-Pilon (4d art), eux qui ont d’ailleurs fait un spectacle de danse sur McLaren. Impossible d’accuser Germain de se cacher derrière la technologie. On ne perçoit aucune hiérarchie entre la chorégraphie et la projection vidéo. C’est plutôt la symbiose qui transparaît et on soupçonne que la danse tiendrait la route sans le dispositif vidéographique, comme Germain nous l’a déjà prouvé auparavant avec Aube et Y demeurer. La vidéo ne fait qu’enrichir sa proposition, qui s’avère être d’une grande beauté et poésie. Dès le retour de l’entracte, on se retrouve indéniablement dans un autre univers. Finie la pénombre. Toute la salle est éclairée et les rideaux ont été écartés. Rien n’est caché. Noeser et sa complice Karina Iraola entre en scène de façon décontractée. Soudainement, du flamenco éclate sur les haut-parleurs et les danseurs se laissent envouter par une danse qui n’a rien à voir avec l’Espagne. Le mouvement de tous les deux est plutôt fragmenté par des secousses, tel un disque qui saute. La pièce enfile ces juxtapositions inattendues qui font de RUMINANT RUMINANT la plus drôle des créations de Noeser à ce jour. Comme dans les pièces de la chorégraphe Mélanie Demers, les transitions entre les sections se font sous nos yeux et font partie intégrante du spectacle. Noeser change donc de chandail de façon totalement gratuite et s’assoit sur scène avec une tasse d’eau en attendant que sa partenaire mette la scène pour le prochain tableau, son travail s’étirant (elle quitte même la salle!) alors que Noeser ne fait rien. Autre forme de décalage. Sur son baladeur, il fait jouer une chanson pop (« Ouragan » de Stéphanie de Monaco) et affixe ses écouteurs à ses oreilles à coups de ruban adhésif. Alors qu’il danse de façon excessivement athlétique, c’est plutôt de la musique classique que nous entendons, créant une fois de plus une délicieuse disjonction. Chaque fois que la danse apparaît, c’est avec surprise. Pourtant, nous assistons à un spectacle de danse! se rappelle-t-on. C’est là la force de Noeser, un chorégraphe qui défie nos attentes à tout moment dans une pièce où l’on ressent une grande liberté.
I must admit that the heaviness of the footwork caused me to experience a bit of anxiety. (I was sitting in the first row.) Particularly striking is the floor work sequence where, down on her knees, Murugesan moves around the stage without ever using her hands as they are busy holding flowers and a plate. Rather, she spins using her toes and knees as pivots and slides across the floor on her shin.
In the final section, she drops handfuls of nickels on herself, which roll across the floor and end up covering the stage in a way that might recall the walnuts scattered by Maria Kefirova in the very same space for The Nutcracker. A different register awaits us for Débile Métal. When we enter the room, a heavy metal song with especially dickish guitar riffs is playing while an image of a thorn-crowned Jesus is projected onto a black curtain at the back of the stage. As soon as the song ends, the image fades and a dancer comes out onstage wearing grey dress pants and shirt, as well as suspenders. So are the four other men joining him (some minus the suspenders), while the sole woman sports a grey dress. It is at first sweeping the floor from left to right and back again that they perform their jig, before crossing each other’s paths in a way that hints at randomness as the dancers look at each other to only nearly avoid collision. Eventually, they do not only run into each other but also push each other, messing up their footwork. They play with the fact that their jig shoes enable or cause them to slide across the floor. They find their rhythm again as they move towards centre stage, falling back into synchronicity with the others. Gloutnez is playing with the usual cleanness of the synchronized jig step, expertly juggling the orchestrated and the chaotic. One by one, the performers take off one shoe and then the other as they keep dancing. The sharp note of the jig shoe becomes layered with the deeper tone of the bare foot before the dancers effectively perform their own fade out as their step becomes lighter and lighter. Her work being as intelligent as it is satisfying for the senses, Gloutnez is undoubtedly the contemporary jig choreographer that deserves crossover success. November 9 at 4pm Monument-National www.tangente.qc.ca 514.871.2224 Tickets: 23$ / Students: 19$ |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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