Local Gestures
because the personal is cultural
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Je l’avoue, parfois j’aimerais être une personne plus sociale. Mais, la plupart du temps, ce désir meurt lorsque j’écoute les conversations autour de moi, comme cette conversation à propos de films « oscarisables. » Who fucking cares? Alors j’essaie de ne plus entendre; j’essaie de méditer. Je me concentre sur ma respiration. Il y a ces deux femmes assises en face de moi. Je ne vois que leur dos et leurs cheveux, mais je sais qu’elles y sont déjà. Malgré les quelques pieds et le silence qui nous séparent, je suis avec elles, et non pas avec les hommes de chaque côté de moi, dont les bras me frôlent, dont les paroles sont audibles, mais ne veulent (plus) rien dire. Les femmes assises à même le plancher bougent de façon presque imperceptible. Un léger mouvement de tête ici et là, pas synchro, mais ensemble. C’est l’Aube de la chorégraphe Katia-Marie Germain. Dans la petitesse de ses gestes et l’intériorité qui s’en découle, la chorégraphie n’est pas sans rappeler celle d’Erin Flynn. Les yeux des quatre interprètes demeurent fermés. Leur synchro, sentie plutôt que vue, révèle leur connexion psychique. Un beau silence partagé dans un monde de bruit. La pièce aurait aussi bien pu s’appeler Tout est dit, il ne reste rien, mais c’est plutôt celle de Geneviève C. Ferron qui porte ce titre, tout aussi à propos. Phénomène rare : je n’ai pris aucune note durant la performance. Je ne voulais aucune distraction. Je voulais juste porter attention, tout absorber ce que je pouvais absorber. Dans le noir, une montagne de lumières de Noël blanches apparaît, doucement. À ses pieds, cinq jeunes femmes, immobiles. Leurs corps se réveillent, réchauffer par les ampoules, s’activent tranquillement. Elles sont éclairées au minimum, à peine perceptibles. Avec leur mouvement synchro, ralenti, souvent dans des positions où doigts et orteils s'étendent jusqu'au sol, elles ont l’air d’un troupeau s’adonnant à un rituel empreint de religiosité. Elles s’inclinent devant la montagne de lumière. Une jambe s’élève, droite, puis se fracture au genou. Elles arriveront éventuellement, sans empressement, à la rencontre de la source lumineuse, s'y mêleront même. Je veux cette rencontre commune, silencieuse et patiente, avec la lumière. Pendant une heure, à Tangente, je l'ai eue. 6-8 décembre à 19h30 & 9 décembre à 16h Monument-National www.tangente.qc.ca 514.871.2224 Billets : 20$ / Étudiant : 16$ |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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