C’est dans une douce dualité que La Meute de Mélanie Demers nous plonge. Pour cette pièce, créée pour huit étudiants de l’École de Danse Contemporaine, la chorégraphe abandonne certaines de ses marques de commerce, dont une certaine théâtralité. Aucune prise de parole par les danseurs ici, juste de la danse. |
Ils ne semblent par contre pas autant vouloir nous attaquer que de se protéger. La dualité se déploie entre autres dans le mouvement et l’immobilité. La danse apparaît surtout comme l’écroulement de l’individu au sein du groupe plutôt qu’une prise de contrôle. Les talons glissent contre le sol, les mouvements sont conséquemment maladroits et les chutes suivent, révélant la précarité et la vulnérabilité de l’individu. Pendant ce temps, les autres veillent à leur tâche. Ils maintiennent les apparences en demeurant immobiles tout en soutenant notre regard, faignant que tout va bien dans le meilleur des mondes. Leur force réside dans le groupe et ils le savent.
Maintes fois, ils nous montrent les paumes de leurs mains, comme pour nous prouver leur caractère inoffensif. « Qui? Moi? » semblent-ils dire. On ferait mieux de se fier à la saleté qui recouvre leurs avant-bras.
En dernière partie, nous avons droit à une belle surprise avec Avant les gens mouraient d’Arthur Harel et du collectif français (LA)HORDE (Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Céline Signoret). Avec quinze danseurs sous la main, le dynamisme est inévitablement au rendez-vous et les chorégraphes poussent les choses encore plus loin. Ils explorent le Mainstream Hardcore en réinterprétant les mouvements du Jumpstyle, du Hardjump et du Gabber. On parle d’un bpm entre 150 et 180. Imaginez.
C’est donc d’un « 5, 6, 7, 8 » que la danse explose, lui donnant des airs de power cardio. Les brassières de sport et les espadrilles sont de mise. Heureusement, les reprises et remix douteux de chansons pop sont remplacés par les beats incessants de Guillaume Rémus. La chorégraphie suit. On pourrait ici penser à Bertolina de Sharon Eyal. Le mouvement est tout autre, par contre : petits sauts, quarts de tour, un coup de pied ici et là, on crée une boucle et on répète le tout.
Les interprètes trouvent quelques moments de répit sur les clôtures de fer en arrière-scène. De là, ils observent la danse en conservant le look le plus butch possible, ayant l’air aussi hard que les acteurs dans Beat Street. Ils assènent l’air de coups de poing avant de se joindre de plus belle à l’action. Cette énergie est maintenue presque jusqu’à la toute fin du spectacle. (LA)HORDE offre ici la transposition sur scène d’une danse communautaire la plus réussie que j’ai eu la chance de voir.
17-20 décembre à 19h30
Théâtre Rouge du Conservatoire
www.admission.com
514.873.4031 poste 313
Billets : 18$ / Étudiants : 12$