Local Gestures
because the personal is cultural
Avec ses images de meute de loups, la pièce n’est pas sans rappeler Clap for the Wolfman de la New-Yorkaise Shannon Gillen. Toutefois, Demers se fait plus subtile. Nulle trace de violence explicite. Si division il y a, elle ne se trouve pas au sein des interprètes, mais plutôt entre eux et nous, le public. Tous habillés de la même façon (camisoles blanches, pantalons foncés et chaussures à talons hauts), ils demeurent presqu’exclusivement dans une position frontale. Il y a eux et il y a nous.
Ils ne semblent par contre pas autant vouloir nous attaquer que de se protéger. La dualité se déploie entre autres dans le mouvement et l’immobilité. La danse apparaît surtout comme l’écroulement de l’individu au sein du groupe plutôt qu’une prise de contrôle. Les talons glissent contre le sol, les mouvements sont conséquemment maladroits et les chutes suivent, révélant la précarité et la vulnérabilité de l’individu. Pendant ce temps, les autres veillent à leur tâche. Ils maintiennent les apparences en demeurant immobiles tout en soutenant notre regard, faignant que tout va bien dans le meilleur des mondes. Leur force réside dans le groupe et ils le savent. Maintes fois, ils nous montrent les paumes de leurs mains, comme pour nous prouver leur caractère inoffensif. « Qui? Moi? » semblent-ils dire. On ferait mieux de se fier à la saleté qui recouvre leurs avant-bras. En dernière partie, nous avons droit à une belle surprise avec Avant les gens mouraient d’Arthur Harel et du collectif français (LA)HORDE (Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Céline Signoret). Avec quinze danseurs sous la main, le dynamisme est inévitablement au rendez-vous et les chorégraphes poussent les choses encore plus loin. Ils explorent le Mainstream Hardcore en réinterprétant les mouvements du Jumpstyle, du Hardjump et du Gabber. On parle d’un bpm entre 150 et 180. Imaginez. C’est donc d’un « 5, 6, 7, 8 » que la danse explose, lui donnant des airs de power cardio. Les brassières de sport et les espadrilles sont de mise. Heureusement, les reprises et remix douteux de chansons pop sont remplacés par les beats incessants de Guillaume Rémus. La chorégraphie suit. On pourrait ici penser à Bertolina de Sharon Eyal. Le mouvement est tout autre, par contre : petits sauts, quarts de tour, un coup de pied ici et là, on crée une boucle et on répète le tout. Les interprètes trouvent quelques moments de répit sur les clôtures de fer en arrière-scène. De là, ils observent la danse en conservant le look le plus butch possible, ayant l’air aussi hard que les acteurs dans Beat Street. Ils assènent l’air de coups de poing avant de se joindre de plus belle à l’action. Cette énergie est maintenue presque jusqu’à la toute fin du spectacle. (LA)HORDE offre ici la transposition sur scène d’une danse communautaire la plus réussie que j’ai eu la chance de voir. 17-20 décembre à 19h30 Théâtre Rouge du Conservatoire www.admission.com 514.873.4031 poste 313 Billets : 18$ / Étudiants : 12$
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Des bandes blanches montent une pente en arrière-scène sur des diagonales. Selon la teinte de l’éclairage, elles pourraient être des vagues ou des rafales de sable au fond de l’océan. Au-dessus, des petites lumières pour étoiles. Haut, en avant-scène, deux bandes de pellicule plastique font danser la lumière. La scène baigne dans le bleu de la nuit ou de l’eau. Après la naissance obligatoire, la chorégraphe et interprète Emmanuelle Calvé se laisser aller à des mouvements enfantins. Richard Desjardins parle du désir humain d’être autre, souvent un oiseau, « pour le vertige, » et sûrement aussi pour voler au-dessus du danger qui semble toujours nous guetter, les bêtes terrestres. Dans EMMAC Terre marine, Calvé utilise la marionnette pour permettre à l’être humain ces transformations animales et le replacer dans son alignement ancestral. À partir d’une position à genoux, elle utilise ses bras pour se propulser dans un glissement sur le ventre, comme ce morse habité par les manipulateurs de marionnettes, l’acteur Jean-François Blanchard et la danseuse Jody Hegel. Calvé imite les animaux qui l’entourent et leur rencontre se fait dans le ludisme. La scénographie de Richard Lacroix est simple et efficace. Le blanc permet à la lumière de transformer l’environnement. L’orange rosé nous transporte au crépuscule. Une seconde de lumière blanche nous emmène dans une extrémité polaire. À vouloir tout être dans sa multidisciplinarité, peut-être, EMMAC nous offre une version anémique de tous les médiums à son emploi. Les mouvements de danse de Blanchard et Hegel, qui ne semblent être là que comme faire-valoir de Calvé, sont accessoires, limités à les faire sortir de scène avec une fioriture après avoir changé le costume de Calvé. La musique de Jorane est parfois parfaitement planante pour nous immerger dans un monde aquatique, tandis qu’à d’autres moments elle est trop cinématique, trop mouvementée pour la scène. Le talent de Hegel est sous-utilisé, alors que Calvé ne réussit pas à démontrer qu’elle a encore ce qu’il faut pour porter sur ses épaules ce qui est essentiellement (malgré le grand nombre de collaborateurs) un spectacle solo. 8 & 13-15 mars à 20h / 12 mars à 14h Théâtre Rouge du Conservatoire www.danse-cite.org 514.873.4031 #313 / 514.844.2172 Billets : 28$ / Étudiants : 20$ Difficile de m’arrêter lorsque mon cœur bat si vite, de Dana Gingras Lumière tamisée sur dix interprètes marchant au ralenti. Atmosphère planante. Ils n’hésitent pas à se passer la main dans les cheveux ou se gratter la paume de la main, ces petits mouvements où l’on ne fait que répondre de façon à peine consciente aux demandes murmurées de notre corps. Leurs corps font l’objet de chutes et ils se concentreront sur le travail au sol, où ils rouleront avant de remonter à la verticale que pour tomber à nouveau, à répétition. Chez les spectateurs, la tension et le plaisir sont dans l’anticipation de l’effondrement; nous savons qu’il viendra, mais quand et comment? Petite trouvaille chorégraphique dans cet écroulement brièvement interrompu à mi-chemin par une position accroupie. Les petits mouvements initiaux ont disparu. On ne peut s’y adonner que lorsque notre corps n’est pas appelé à en faire plus. Sëlekt, de Jacques Poulin-Denis Le pire party. Le genre de party où tout le monde est trop préoccupé par les apparences et vraiment pas assez par les interactions sociales. Dubstep. Confusion. De mon côté et non de celui des six interprètes qui, eux, suivent. Et peut-être pour une autre spectatrice qui, plus tard, on peut entendre dire, « Qu’est-ce qui se passe? » Je ne m’attendais pas à ça dans une pièce de Poulin-Denis. Il fait ici dans la pop, mais ça fait partie intégrante de son propos. Sëlekt trouve sa force lorsque le commentaire social perce à travers la superficialité alors que trois hommes avec des lumières pour queues éclairent une femme que légèrement vêtue qui se dandine au son de la musique. Faire le party pour le regard des autres plus que pour son propre plaisir. De leur côté, les hommes n’ont même pas besoin du regard des femmes; ils se perdent dans une parade d’égos de plus en plus pathétique. Ils sont tous leur propre enseigne clignotante : APPLAUDISSEZ. Lorsque la façade commence enfin à s’écrouler, on entrevoit une lueur d’espoir. Une femme ne danse plus pour le regard des autres, mais pour elle-même, hors de nécessité. Elle peut sembler perdre la boule, mais cet exutoire pourrait bien assurer la survie de sa santé mentale. Sa tête tombe par en avant, par en arrière, et ses longs cheveux suivent, comme si dans son crâne elle tombait en elle-même. Dans un monde contrôlé de l’extérieur, ces moments d’intériorité sont révolutionnaires. S’envoler, d’Estelle Clareton Passons à travers le cliché du mouvement animal en danse contemporaine; la pièce de Clareton trouve ses qualités en s’inspirant des oiseaux. Le tout est d’une légèreté… Les danseurs ne peuvent tenir sur place sans sautiller, remplis de nervosité à leur première rencontre avec le monde. Ils sont remplis de tics, leurs têtes tournant de part et d’autre par petits mouvements. Une tête ressort du nid ici et là, et ceux qui se font soulever ne sont pas plus excités que ceux qui les soulèvent. Cette énergie est conservée lors de leur première tentative de vol. Certains rebrousseront même chemin ayant atteint le bout du tremplin, trop craintifs. Mais, éventuellement, chacun prendra les mains de l’autre dans les siennes pour être propulsé dans les airs. Ils retourneront toutefois au groupe pour retrouver le confort, le sentiment de sécurité. Une certaine noirceur peut être décelée, comme si le monde hors du nid pourrait présenter une menace, qu’il pourrait être dangereux d’y être seul. En effet, un loup apparaît dans le poulailler. Clareton refuse toutefois le drame et nous retourne au climat d’ébullition du départ. Le groupe soulève un interprète après l’autre et la beauté de S’envoler est qu’il ne s’agit pas de s’élever au-dessus des autres; chacun aura son tour, grâce à chacun. C’est l’absence d’égos, la coopération, l’entraide. C’est la communauté. 18-21 décembre à 19h30 Théâtre Rouge du Conservatoire www.edcmtl.com / www.admission.com 514.873.4031, poste 313 Billets : 18$ / Étudiants : 10$ “We’ve been waiting for you, daddy.” –Anders Carlsson, Conte d’amour “Am I in love? –Yes, since I’m waiting.” –Roland Barthes, A Lover’s Discourse If you want love, pure love, get yourself a dummy. Sure, when you feed them chips or make them drink Coke, it will all just fall to the floor, but that’s precisely what you want. The absence of thirst and hunger means that they will never, ever leave you. In Markus Öhrn’s Conte d’amour, the other is a blank canvas onto which we can project our love, so that it can never find itself soiled by the other’s own velocity, since it has none. (I once wrote, “On veut la projection qui nous échappe par sa propre vie.”) Of course, a dummy might not fulfil all of your desires. So, alternatively, make sure that, if the one you love is human, they are as dependent on you as possible. It might be infantilizing, of course, but this works in your favour. Children are less likely to leave you than your adult partner. To make their leaving even less likely, bring them McDonald’s. Under the right light, those fries and nuggets can really look golden. “Everything is simpler in Thailand,” a character tells us. “Thai women are not as troublesome as Occidental ones.” This is the moment at which Conte d’amour becomes more than just a play loosely based on a sordid news story. This is the moment when in one fell swoop it becomes political by exposing the relationship between racism, sexism, and capitalism. The statement is of course naïve. What makes one less troublesome has nothing to do with race or gender. It has to do with one’s economic dependency. Eve was not made from Adam’s rib. She was made from his wallet. If you want love, pure love, do make the dependent one feel like they have some power. Withhold your attention so they feel like they have to earn it. Let them turn a basement beam into a stripper pole. If they can seduce you, they must have some power. Ignore the fact that their survival depends on it. The saviour comes down from the ceiling as though from a helicopter, bringing chips and Coke to his grateful African children. Maintain the system that keeps them dependent on you, but let them feel like you’re being good to them when you give them the bare necessities of life. The lover comes down from the skies, bearing gifts, to save us from the catastrophe zone that our single lives were, before they came along. To keep the other dependent on you, it might be best to make sure that they are satisfied with little. Like maracas. “Gifts… and the feelings that come with them.” The sequestered children even have a video camera. It gives them the illusion of agency, like they are not just objects, but subjects shaping their own reality. They are not just victims. They are witnesses of each other’s victimization. And yet, “I am a victim!” shouts that guy from Portlandia, who plays the only female character in the play (which probably should have ended on that powerful note). For the loved becomes owned by the lover, becomes the screen against which the projection (love) violently lands. During Conte d’amour, I kept thinking that it was like witnessing an extreme version of Roland Barthes’s A Lover’s Discourse. Except that, rereading my notes, I realized that I kept using “the lover” and “the loved” to refer to all of the characters, no matter if they were the kidnapper or the kidnapped. Maybe Barthes forgot that love can also be a form of Stockholm Syndrome. May 28-30 at 7pm Théâtre Rouge du Conservatoire www.fta.qc.ca 514.844.3822 / 1.866.984.3822 Tickets: 43$ / 30 years old and under: 38$ Here it is, the last dance show of the year. As customary, it is provided by the third-year students of L’École de Danse Contemporaine de Montréal and involves three pieces. The first two come courtesy of Montréal Danse and the last, an original creation for ÉDCM, is by visiting French choreographer Julien Desplantez. Trois peaux, by Jean-Sébastien Lourdais The human body transformed until it is no longer human, transformed until it is animal, but no particular animal: humanimal. Fists instead of hands, hunched over, head hanging low, on all fours. Mouvement half fluid/half stops, the organic interrupted by the robotic. (The music, which could be described as electrogrunts, reflects this aspect.) Sometimes, in passing, the dancers appear to be flexing, with their awkward arm positions. The body shakes, organic, too organic, uncontrollable. The movement is other, less articulated than that of human beings, but it says plenty of other things, things that cannot be understood and that are therefore unsettling. Husk, by George Stamos Already discussed at length here: http://www.localgestures.com/1/post/2012/02/husk-a-review.html Only thing to add: did the costume Rachel Harris wore in the Montréal Danse version lose its dick? Why? Are the third-year students at ÉDCM not all adults? Is it because the show is mostly performed in front of their family and friends? And, most importantly, who cares? L’art n’est pas fait pour les demi-mesures. Il y avait ce fou…, by Julien Desplantez Thank God, the fashion-trash music that opens the piece soon subsides to offer us what school dance shows do best, i.e. the superficial pleasures of excess: a dozen dancers onstage from beginning to end, so much action that the eye cannot take it all in, synchronicity. Did Desplantez steal his small stationary steps from Hofesh Shechter’s Political Mother? If so, good for him. Even though his choreography is not particularly innovative, it’s still less lazy and juvenile than Shechter’s. De la danse-bonbon. December 19-22 at 7:30pm Conservatoire d’art dramatique de Montréal www.edcmtl.com 514.873.4031 ext. 313 Tickets: 18$ / Students: 10$ Leurs corps sont jeunes, mais leur mouvement est vieux. Ce n’est pas là un commentaire sur l’habileté technique des seize étudiants de 3e année à L’école de danse contemporaine (formerly known as LADMMI), mais plutôt sur ces chorégraphies qu’ont leur donnent et qui ne leur collent pas à la peau. Le tout commence avec Elles à l’infini de Lise Vachon, un morceau pour huit danseuses qui se veut « empreint de féminité. » Si quand on dit « féminité » on parle de ce qui est attendu des femmes, alors c’est réussi. C’est délicat (même dans l’athlétisme), c’est doux (même dans la vitesse), et c’est légèrement affecté. Comme sous les capuchons des longs manteaux qui les cachent en début de pièce, elles s’effacent. Malgré leur activité, elles demeurent de belles choses à regarder et, heureusement, elles ne font pas trop de bruit. Leurs costumes sont beiges et la pièce aussi est très beige. Changement de costume : toutes échangent le beige pour une robe noire. Elles bougent au son de Jane Birkin et Serge Gainsbourg, le balancement de leurs bras devenant irrépressible, les projetant dans les airs. Est-ce vraiment un commentaire sur ce à quoi on s’attend des femmes? J’en doute. Trop peu de mordant et la récompense finale est trop peu, point. Dans les cinq premières minutes de Duet, la chorégraphe Sasha Ivanochko offre déjà à ses danseuses des rôles plus variés. Elles sont faibles et fortes, douces et violentes, amoureuses et haineuses. Et Ivanochko demande aux huit danseurs d’être sexuels devant leurs parents et amis, alors ça l’a déjà un peu plus de mordant. Toutefois, les astuces pour aborder la relation de couple demeurent souvent trop théâtrales et littérales. Le mouvement d’une femme contrôle celui d’une autre comme si cette dernière était une marionnette. Dans une autre scène, au lieu d’un pompon, une longue corde de tissus s’étend d’une tuque de l’une et s’enroule autour du cou d’une autre. Celle à la tuque essaie tant bien que mal de toucher aux étoiles, alors que la corde qui la retient à l’autre la maintient au sol et celle-ci s’en trouve étranglée. En terme de métaphores, on aurait pu faire mieux. Le tout se termine avec un baiser, lui aussi littéral, une gaffe que le chorégraphe Pierre Lecours avait aussi commise la semaine dernière avec sa pièce pour les étudiants de 2e année. Lecours a par la suite retiré le baiser. En espérant qu’Ivanochko en fasse de même. Partition, la pièce de Marc Boivin pour seize danseurs, est la plus vieillotte des trois. Les mouvements individuels des danseurs semblent vides et démontrent peu de fluidité, comme si leur séquence fut arbitraire. Boivin parvient toutefois à créer une atmosphère dans la section au sol, méditative dans sa lenteur. À titre de comparaison, la semaine dernière la chorégraphe Chanti Wadge, en s’intéressant aux étudiants de 2e année et à ce qui les fait bouger, avait réussi à créer une pièce qui était plus près d’eux. On aurait encore eu besoin d’elle cette semaine. Cru d’automne 2011 14-17 décembre à 19h30 Théâtre Rouge – Conservatoire d’art dramatique de Montréal www.ladmmi.com / www.admission.com 514.873.4031 poste 313 / 1.855.790.1245 Billets : 17$ / Étudiants : 10$ Last week, I was comparing Cindy Van Acker’s choreography to graphic design. This week, I couldn’t help but view Miguel Gutierrez’s Last Meadow through the lens of video art. It probably helps that, for this show, the New York choreographer is making extensive use of one of American cinema’s most iconic figures, James Dean. It is as if Gutierrez had taken images from East of Eden, Rebel Without a Cause, and Giant, and reedited them using video to deconstruct them. After emptying them of much of the narrative by using repetition and distorting the dialogue, he reconstructs the moving images with an emphasis on gestures, making them tip over into dance. The process also becomes about deconstructing the myth of America itself. While the performance is obviously a live one, Gutierrez predominantly uses coloured lighting (blue, red, purple, green, orange, pink) to flatten it into an image. It is as though he had dipped strips of films into dye to prevent any desire the viewer might have to see their image as realistic and to instead emphasize their cinematicness, their true nature as light filters and shapers. By taking these straightforward narratives and turning them into an experimental work, Gutierrez evidently obscures their meaning and makes Last Meadow more opaque, more difficult to penetrate. This is not a bad thing. As a recent viewing of Rebel Without a Cause reminded me, while the film deserves its status as a classic, it also suffers from the same faults as many other 1950s films. That is to say that it capitalizes excessively on dialogue, the characters making abundantly clear every single one of the psychological motivations for their behaviour. While they are tormented souls, there is no mystery clouding their characters. As a result, they are prevented from ever becoming full-fledged individuals and instead emerge as the mere result of causal relationships, the fatalistic product of their environment. However, in the absence of a clear narrative, nothing is so simple in Last Meadow. There is one more significant way in which Gutierrez tempers with his source of inspiration. While James Dean’s ambiguous sexuality has also made him a gay icon (no doubt helped by Sal Mineo’s character’s obvious crush on the star in Rebel), Gutierrez goes one step further in queering him. The role of Dean is played by Michelle Boulé, an Asian woman who won a Bessie Award for her performance. In turn, the role of Dean’s female lover is played by Tarek Halaby, a tall bearded man. As far as dance goes, he’s the one standing out, with his long straight legs that propel him into the air. For Gutierrez, who completes the love triangle in a Sal-Mineo-type character, they are not performing drag as much as acting like children playing dress up. As the three dancers perform a series of arbitrarily codified movements of their own making while taking off their clothes, Lost Meadow suddenly gains a feeling of freedom. The weight of the past, with the endless repetition of memories, is finally lifted… just as it persists as haunting echoes. Ultimately, Last Meadow proves to be a most rewarding experience. Last Meadow June 9 & 10 at 8pm; June 11 at 4pm Conservatoire d’art dramatique – Théâtre Rouge www.fta.qc.ca 514.844.3822 Tickets: 32$ / Under 31 & over 64 years old: 26$ |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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