Local Gestures
because the personal is cultural
1. Judson Church is Ringing in Harlem (Made-to-Measure) / Twenty Looks or Paris is Burning at the Judson Church (M2M), Trajal Harrell + Thibault Lac + Ondrej Vidlar (Festival TransAmériques) American choreographer Trajal Harrell’s work has always been impressive if only for its sheer ambition (his Twenty Looks series currently comprises half a dozen shows), but Judson Church is Ringing in Harlem (Made-to-Measure) is his masterpiece. In the most primal way, he proves that art isn’t a caprice but that it is a matter of survival. Harrell and dancers Thibault Lac and Ondrej Vidlar manifest this need by embodying it to the fullest. The most essential show of this or any other year. 2. ENTRE & La Loba (Danse-Cité) & INDEEP, Aurélie Pedron Locally, it was the year of Aurélie Pedron. She kept presenting her resolutely intimate solo ENTRE, a piece for one spectator at a time who – eyes covered – experiences the dance by touching the performer’s body. In the spring, she offered a quiet yet surprisingly moving 10-hour performance in which ten blindfolded youths who struggled with addiction evolved in a closed room. In the fall, she made us discover new spaces by taking over Montreal’s old institute for the deaf and mute, filling its now vacant rooms with a dozen installations that ingeniously blurred the line between performance and the visual arts. Pedron has undeniably found her voice and is on a hot streak. 3. Co.Venture, Brooklyn Touring Outfit (Wildside Festival) The most touching show I saw this year, a beautiful portrait of an intergenerational friendship and of the ways age restricts our movement and dance expands it. 4. Avant les gens mouraient (excerpt), Arthur Harel & (LA)HORDE (Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Céline Signoret) (Festival TransAmériques) wants&needs danse’s The Total Space Party allowed the students of L’École de danse contemporaine to revisit Avant les gens mouraient. It made me regret I hadn’t included it in my best of 2014 list, so I’m making up for it here. Maybe it gained in power by being performed in the middle of a crowd instead of on a stage. Either way, this exploration of Mainstream Hardcore remains the best theatrical transposition of a communal dance I’ve had the chance to see. 5. A Tribe Called Red @ Théâtre Corona (I Love Neon, evenko & Greenland Productions) I’ve been conscious of the genocide inflicted upon the First Nations for some time, but it hit me like never before at A Tribe Called Red’s show. I realized that, as a 35 year-old Canadian, it was the first time I witnessed First Nations’ (not so) traditional dances live. This makes A Tribe Called Red’s shows all the more important. 6. Naked Ladies, Thea Fitz-James (Festival St-Ambroise Fringe) Fitz-James gave an introductory lecture on naked ladies in art history while in the nude herself. Before doing so, she took the time to look each audience member in the eye. What followed was a clever, humorous, and touching interweaving of personal and art histories that exposed how nudity is used to conceal just as much as to reveal. 7. Max-Otto Fauteux’s scenography for La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette (Usine C)
Choreographer Catherine Gaudet and director Jérémie Niel stretched the short duo they had created for a hotel room in La 2e Porte à Gauche’s 2050 Mansfield – Rendez-vous à l’hôtel into a full-length show. What was most impressive was scenographer Max-Otto Fauteux going above and beyond by recreating the hotel room in which the piece originally took place, right down to the functioning shower. The surreal experience of sitting within these four hyper-realistic walls made the performance itself barely matter.
1 Comment
Avec ses images de meute de loups, la pièce n’est pas sans rappeler Clap for the Wolfman de la New-Yorkaise Shannon Gillen. Toutefois, Demers se fait plus subtile. Nulle trace de violence explicite. Si division il y a, elle ne se trouve pas au sein des interprètes, mais plutôt entre eux et nous, le public. Tous habillés de la même façon (camisoles blanches, pantalons foncés et chaussures à talons hauts), ils demeurent presqu’exclusivement dans une position frontale. Il y a eux et il y a nous.
Ils ne semblent par contre pas autant vouloir nous attaquer que de se protéger. La dualité se déploie entre autres dans le mouvement et l’immobilité. La danse apparaît surtout comme l’écroulement de l’individu au sein du groupe plutôt qu’une prise de contrôle. Les talons glissent contre le sol, les mouvements sont conséquemment maladroits et les chutes suivent, révélant la précarité et la vulnérabilité de l’individu. Pendant ce temps, les autres veillent à leur tâche. Ils maintiennent les apparences en demeurant immobiles tout en soutenant notre regard, faignant que tout va bien dans le meilleur des mondes. Leur force réside dans le groupe et ils le savent. Maintes fois, ils nous montrent les paumes de leurs mains, comme pour nous prouver leur caractère inoffensif. « Qui? Moi? » semblent-ils dire. On ferait mieux de se fier à la saleté qui recouvre leurs avant-bras. En dernière partie, nous avons droit à une belle surprise avec Avant les gens mouraient d’Arthur Harel et du collectif français (LA)HORDE (Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Céline Signoret). Avec quinze danseurs sous la main, le dynamisme est inévitablement au rendez-vous et les chorégraphes poussent les choses encore plus loin. Ils explorent le Mainstream Hardcore en réinterprétant les mouvements du Jumpstyle, du Hardjump et du Gabber. On parle d’un bpm entre 150 et 180. Imaginez. C’est donc d’un « 5, 6, 7, 8 » que la danse explose, lui donnant des airs de power cardio. Les brassières de sport et les espadrilles sont de mise. Heureusement, les reprises et remix douteux de chansons pop sont remplacés par les beats incessants de Guillaume Rémus. La chorégraphie suit. On pourrait ici penser à Bertolina de Sharon Eyal. Le mouvement est tout autre, par contre : petits sauts, quarts de tour, un coup de pied ici et là, on crée une boucle et on répète le tout. Les interprètes trouvent quelques moments de répit sur les clôtures de fer en arrière-scène. De là, ils observent la danse en conservant le look le plus butch possible, ayant l’air aussi hard que les acteurs dans Beat Street. Ils assènent l’air de coups de poing avant de se joindre de plus belle à l’action. Cette énergie est maintenue presque jusqu’à la toute fin du spectacle. (LA)HORDE offre ici la transposition sur scène d’une danse communautaire la plus réussie que j’ai eu la chance de voir. 17-20 décembre à 19h30 Théâtre Rouge du Conservatoire www.admission.com 514.873.4031 poste 313 Billets : 18$ / Étudiants : 12$ Difficile de m’arrêter lorsque mon cœur bat si vite, de Dana Gingras Lumière tamisée sur dix interprètes marchant au ralenti. Atmosphère planante. Ils n’hésitent pas à se passer la main dans les cheveux ou se gratter la paume de la main, ces petits mouvements où l’on ne fait que répondre de façon à peine consciente aux demandes murmurées de notre corps. Leurs corps font l’objet de chutes et ils se concentreront sur le travail au sol, où ils rouleront avant de remonter à la verticale que pour tomber à nouveau, à répétition. Chez les spectateurs, la tension et le plaisir sont dans l’anticipation de l’effondrement; nous savons qu’il viendra, mais quand et comment? Petite trouvaille chorégraphique dans cet écroulement brièvement interrompu à mi-chemin par une position accroupie. Les petits mouvements initiaux ont disparu. On ne peut s’y adonner que lorsque notre corps n’est pas appelé à en faire plus. Sëlekt, de Jacques Poulin-Denis Le pire party. Le genre de party où tout le monde est trop préoccupé par les apparences et vraiment pas assez par les interactions sociales. Dubstep. Confusion. De mon côté et non de celui des six interprètes qui, eux, suivent. Et peut-être pour une autre spectatrice qui, plus tard, on peut entendre dire, « Qu’est-ce qui se passe? » Je ne m’attendais pas à ça dans une pièce de Poulin-Denis. Il fait ici dans la pop, mais ça fait partie intégrante de son propos. Sëlekt trouve sa force lorsque le commentaire social perce à travers la superficialité alors que trois hommes avec des lumières pour queues éclairent une femme que légèrement vêtue qui se dandine au son de la musique. Faire le party pour le regard des autres plus que pour son propre plaisir. De leur côté, les hommes n’ont même pas besoin du regard des femmes; ils se perdent dans une parade d’égos de plus en plus pathétique. Ils sont tous leur propre enseigne clignotante : APPLAUDISSEZ. Lorsque la façade commence enfin à s’écrouler, on entrevoit une lueur d’espoir. Une femme ne danse plus pour le regard des autres, mais pour elle-même, hors de nécessité. Elle peut sembler perdre la boule, mais cet exutoire pourrait bien assurer la survie de sa santé mentale. Sa tête tombe par en avant, par en arrière, et ses longs cheveux suivent, comme si dans son crâne elle tombait en elle-même. Dans un monde contrôlé de l’extérieur, ces moments d’intériorité sont révolutionnaires. S’envoler, d’Estelle Clareton Passons à travers le cliché du mouvement animal en danse contemporaine; la pièce de Clareton trouve ses qualités en s’inspirant des oiseaux. Le tout est d’une légèreté… Les danseurs ne peuvent tenir sur place sans sautiller, remplis de nervosité à leur première rencontre avec le monde. Ils sont remplis de tics, leurs têtes tournant de part et d’autre par petits mouvements. Une tête ressort du nid ici et là, et ceux qui se font soulever ne sont pas plus excités que ceux qui les soulèvent. Cette énergie est conservée lors de leur première tentative de vol. Certains rebrousseront même chemin ayant atteint le bout du tremplin, trop craintifs. Mais, éventuellement, chacun prendra les mains de l’autre dans les siennes pour être propulsé dans les airs. Ils retourneront toutefois au groupe pour retrouver le confort, le sentiment de sécurité. Une certaine noirceur peut être décelée, comme si le monde hors du nid pourrait présenter une menace, qu’il pourrait être dangereux d’y être seul. En effet, un loup apparaît dans le poulailler. Clareton refuse toutefois le drame et nous retourne au climat d’ébullition du départ. Le groupe soulève un interprète après l’autre et la beauté de S’envoler est qu’il ne s’agit pas de s’élever au-dessus des autres; chacun aura son tour, grâce à chacun. C’est l’absence d’égos, la coopération, l’entraide. C’est la communauté. 18-21 décembre à 19h30 Théâtre Rouge du Conservatoire www.edcmtl.com / www.admission.com 514.873.4031, poste 313 Billets : 18$ / Étudiants : 10$ Here it is, the last dance show of the year. As customary, it is provided by the third-year students of L’École de Danse Contemporaine de Montréal and involves three pieces. The first two come courtesy of Montréal Danse and the last, an original creation for ÉDCM, is by visiting French choreographer Julien Desplantez. Trois peaux, by Jean-Sébastien Lourdais The human body transformed until it is no longer human, transformed until it is animal, but no particular animal: humanimal. Fists instead of hands, hunched over, head hanging low, on all fours. Mouvement half fluid/half stops, the organic interrupted by the robotic. (The music, which could be described as electrogrunts, reflects this aspect.) Sometimes, in passing, the dancers appear to be flexing, with their awkward arm positions. The body shakes, organic, too organic, uncontrollable. The movement is other, less articulated than that of human beings, but it says plenty of other things, things that cannot be understood and that are therefore unsettling. Husk, by George Stamos Already discussed at length here: http://www.localgestures.com/1/post/2012/02/husk-a-review.html Only thing to add: did the costume Rachel Harris wore in the Montréal Danse version lose its dick? Why? Are the third-year students at ÉDCM not all adults? Is it because the show is mostly performed in front of their family and friends? And, most importantly, who cares? L’art n’est pas fait pour les demi-mesures. Il y avait ce fou…, by Julien Desplantez Thank God, the fashion-trash music that opens the piece soon subsides to offer us what school dance shows do best, i.e. the superficial pleasures of excess: a dozen dancers onstage from beginning to end, so much action that the eye cannot take it all in, synchronicity. Did Desplantez steal his small stationary steps from Hofesh Shechter’s Political Mother? If so, good for him. Even though his choreography is not particularly innovative, it’s still less lazy and juvenile than Shechter’s. De la danse-bonbon. December 19-22 at 7:30pm Conservatoire d’art dramatique de Montréal www.edcmtl.com 514.873.4031 ext. 313 Tickets: 18$ / Students: 10$ Leurs corps sont jeunes, mais leur mouvement est vieux. Ce n’est pas là un commentaire sur l’habileté technique des seize étudiants de 3e année à L’école de danse contemporaine (formerly known as LADMMI), mais plutôt sur ces chorégraphies qu’ont leur donnent et qui ne leur collent pas à la peau. Le tout commence avec Elles à l’infini de Lise Vachon, un morceau pour huit danseuses qui se veut « empreint de féminité. » Si quand on dit « féminité » on parle de ce qui est attendu des femmes, alors c’est réussi. C’est délicat (même dans l’athlétisme), c’est doux (même dans la vitesse), et c’est légèrement affecté. Comme sous les capuchons des longs manteaux qui les cachent en début de pièce, elles s’effacent. Malgré leur activité, elles demeurent de belles choses à regarder et, heureusement, elles ne font pas trop de bruit. Leurs costumes sont beiges et la pièce aussi est très beige. Changement de costume : toutes échangent le beige pour une robe noire. Elles bougent au son de Jane Birkin et Serge Gainsbourg, le balancement de leurs bras devenant irrépressible, les projetant dans les airs. Est-ce vraiment un commentaire sur ce à quoi on s’attend des femmes? J’en doute. Trop peu de mordant et la récompense finale est trop peu, point. Dans les cinq premières minutes de Duet, la chorégraphe Sasha Ivanochko offre déjà à ses danseuses des rôles plus variés. Elles sont faibles et fortes, douces et violentes, amoureuses et haineuses. Et Ivanochko demande aux huit danseurs d’être sexuels devant leurs parents et amis, alors ça l’a déjà un peu plus de mordant. Toutefois, les astuces pour aborder la relation de couple demeurent souvent trop théâtrales et littérales. Le mouvement d’une femme contrôle celui d’une autre comme si cette dernière était une marionnette. Dans une autre scène, au lieu d’un pompon, une longue corde de tissus s’étend d’une tuque de l’une et s’enroule autour du cou d’une autre. Celle à la tuque essaie tant bien que mal de toucher aux étoiles, alors que la corde qui la retient à l’autre la maintient au sol et celle-ci s’en trouve étranglée. En terme de métaphores, on aurait pu faire mieux. Le tout se termine avec un baiser, lui aussi littéral, une gaffe que le chorégraphe Pierre Lecours avait aussi commise la semaine dernière avec sa pièce pour les étudiants de 2e année. Lecours a par la suite retiré le baiser. En espérant qu’Ivanochko en fasse de même. Partition, la pièce de Marc Boivin pour seize danseurs, est la plus vieillotte des trois. Les mouvements individuels des danseurs semblent vides et démontrent peu de fluidité, comme si leur séquence fut arbitraire. Boivin parvient toutefois à créer une atmosphère dans la section au sol, méditative dans sa lenteur. À titre de comparaison, la semaine dernière la chorégraphe Chanti Wadge, en s’intéressant aux étudiants de 2e année et à ce qui les fait bouger, avait réussi à créer une pièce qui était plus près d’eux. On aurait encore eu besoin d’elle cette semaine. Cru d’automne 2011 14-17 décembre à 19h30 Théâtre Rouge – Conservatoire d’art dramatique de Montréal www.ladmmi.com / www.admission.com 514.873.4031 poste 313 / 1.855.790.1245 Billets : 17$ / Étudiants : 10$ |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
All
|