Local Gestures
because the personal is cultural
25-27 mars à 20h
Usine C www.usine-c.com 514.521.4493 Billets : 32$ / Étudiants ou 30 ans et moins : 24$
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![]() Une lumière stroboscopique si brève qu’elle pourrait être un éclair. Vacarme entre quatre murs de béton. Les ombres nous entourent. Une femme vêtue d’un col roulé et d’une jupe étroite se lève et ramasse des câbles. Elle s’assoit dans une chaise de bois et se bande les yeux. Nous sommes plongés dans le noir. Elle utilise les câbles pour se ligoter. Clouée à la chaise, elle est victime et bourreau. Elle se débat. Le bois craque. Il craque si fort qu’il cesse d’être un craquement. Il devient fracture du crâne. Le chandail blanc de la femme est à peine visible dans la noirceur. Ses bras semblent bouger. Est-elle encore ligotée ou a-t-elle réussi à s’échapper? Une lame de couteau fend le grain du bois. Notre chair sera beaucoup plus silencieuse. La lumière frappe la lame et nous transperce les yeux. Malheureusement, l’effet sensoriel jusque là si bien orchestré se dissout lorsque des mots parviennent à nos oreilles. La femme (Anne Thériault) chuchote une histoire. Bien que les chuchotements font partie de bon nombre de films d’horreur, je l’ai déjà dit et je le redis : ils ne fonctionnent pas dans un espace théâtral. La disjonction entre le désir de parler tout bas et celui de se faire entendre (théâtre oblige) les vole de leurs qualités sur lesquelles on tente spécifiquement de capitaliser. L’ambiguïté du chuchotement (Est-ce que j’entends des voix? Ai-je bien entendu?) est perdue. Les mots eux-mêmes défont l’expérience sensorielle. Thériault fait toujours dans la cinématique, mais cette fois plus dans la trame narrative que dans l’image. C’est pour cette raison que je me dois de citer le court mais brillant essai de Virginia Woolf sur le cinéma : « For a moment it seemed as if thought could be conveyed by shape more effectively than by words. The monstrous quivering tadpole seemed to be fear itself, and not the statement 'I am afraid'. In fact, the shadow was accidental and the effect unintentional. But if a shadow at a certain moment can suggest so much more than the actual gestures and words of men and women in a state of fear, it seems plain that the cinema has within its grasp innumerable symbols for emotions that have so far failed to find expression. […] The likeness of the thought is for some reason more beautiful, more comprehensible, more available, than the thought itself. » Il faut dire qu’il s’agit aussi du spectacle du compositeur et performeur Martin Messier, qui fait un excellent travail de créer un environnement sonore inquiétant. Le son fait vibrer les chaises et résonne à travers nos corps. Malgré les mots, Derrière le rideau demeure une expérience intrigante. Derrière le rideau, il fait peut-être nuit 27 mai à 19h; 28 mai à 18h et 19h Société des Arts Technologiques [SAT] www.fta.qc.ca 514.844.3822 Billets : 15$ / 30 ans et moins, 65 ans et plus : 13$ |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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