
Le plancher, noir, reflète l’image de la danseuse. Ne parlons pas d’un double. Parlons plutôt de la faculté unique que l’être humain possède de pouvoir se reconnaître. Parlons du moi.
Assise, les jambes entrouvertes comme deux arcs, elle fait tourner son corps. Il est exposé. Il roule jusqu’à ce qu’elle sorte du plancher, qu’elle se heurte à la première rangée de spectateurs, des trois côtés de la scène. Reconnaître l’autre. Le corps nu est vu. La conscience.
La danse est une forme d’exploration, lente et délibérée. Chaque mouvement est isolé; chaque position, aussi. Dans cette immobilité transitoire, le corps s’inscrit dans l’histoire de l’art. On pourrait y voir un sujet de peinture; la vulnérabilité du nu, exposée.
Tout ceci se déroule dans le silence. Notre corps est plus bruyant que le sien. On s’entend respirer. On s’entend avaler. On s’entend bouger. Son corps nu est vu. La conscience.
Asencio s’assoit sur un banc, toujours nue, et nous offre un mini-cours sur la métaphysique d’Aristote. Malheureusement, sa parole est moins délibérée que son mouvement. Elle trébuche sur les mots, les répète pour tenter une correction. La ponctuation semble répandue de façon arbitraire. Difficile de comprendre.
Elle quitte la scène pour nous laisser observer un foulard accroché à un ventilateur danser sur la musique de Nina Simone. (Les chorégraphes ont vraiment une obsession avec cette chanteuse.)
De par sa simplicité, Introduction à l’introduction est le genre de spectacle qui devrait naturellement me plaire. Toutefois, il y a une lacune qui empêche l’œuvre de s’imposer. Peut-être que le solo sur plancher-miroir nous rappelle Lanx de Cindy Van Acker, qui était beaucoup plus dense. Peut-être que le mini-cours devrait précéder la danse, comme l’avait fait Jody Hegel et Jana Jevtovic avec The Parcel Project, performance toute aussi simple, mais beaucoup plus rafraichissante.
Close, but no cigar.
6-8 novembre à 20h
Agora de la danse
www.agoradanse.com
514.525.1500
Billets : 28$ / Étudiants ou 30 ans et moins : 20$