Local Gestures
because the personal is cultural
MARIE CHOUINARD Il le faut. C’est notre responsabilité de faire vivre nos spectacles plus longtemps. On est obligé. Si on veut vraiment vivre ce bonheur-là de danser nos spectacles plus longtemps, il faut les amener partout dans le monde. Juste jouer dans notre ville natale, ce n’est pas assez. VERSTRICHT Étant donné que vous avez ce privilège, comment vous sentez-vous par rapport à la reprise de Prélude à l’après-midi d’un faune et de Le Sacre du printemps plus de vingt ans plus tard? CHOUINARD On ne les reprend pas; on ne les a jamais lâchés! (rires) Notre Sacre du printemps, ça fait 23 ans qu’on le fait à chaque année. L’après-midi d’un faune aussi. Habituellement, les œuvres que je crée ont la chance de vivre très longtemps. VERSTRICHT Pour vous, c’est une bonne chose, vous n’êtes pas tannée du tout… CHOUINARD Bien non! C’est comme si on disait « La Joconde est-elle tannée de sourire dans son cadre? » (rires) C’est le contraire! Les danseurs aiment danser un grand répertoire de pièces. En ce moment, les danseurs dans ma compagnie sont en Europe et ils font sept chorégraphies différentes pendant la tournée. Ils sont contents. Ils aiment ça. Puis dans une autre tournée, ça va être encore d’autres pièces. C’est le fun. C’est hot de pouvoir danser plein de pièces différentes parce que c’est un répertoire qui a toutes sortes de facettes, d’approches : différentes pièces, différents rôles que les danseurs ont… C’est vraiment excitant pour eux. VERSTRICHT Est-ce qu’il y a une concordance pour vous entre ces pièces qui perdurent et celles que vous voudriez qui perdurent? Est-ce qu’on réussit à prédire celles qui– CHOUINARD Non. C’est bien mystérieux. On ne peut jamais savoir. C’est impossible. À chaque fois que je fais une nouvelle pièce, je me dis, « Peut-être que celle-là ne tournera pas, que personne n’en voudra. Peut-être que moi, je vais l’adorer, mais personne ne va l’aimer. » VERSTRICHT Est-ce qu’il y en a une que vous aimeriez voir revivre? CHOUINARD Oui. J’ai une pièce qui s’appelle LE NOMBRE D’OR… VERSTRICHT J’adore LE NOMBRE D’OR. CHOUINARD Moi aussi, mais elle est compliquée au niveau technique parce qu’il y a un corridor qui s’avance dans le public et je veux du public sur le stage, puis les gens qui l’achètent disent, « Mais là, on ne peut pas vendre nos billets dans la salle… » C’est devenu tellement compliqué pour les producteurs qu’ils ne l’ont presque pas achetée. Au niveau de la scénographie, j’ai fait un design qui n’est pas facile à tourner. C’est plate, hein? (rires) VERSTRICHT Oui, parce que ça mérite vraiment d’être vu. CHOUINARD J’adore cette pièce-là et les danseurs aiment la danser aussi. C’est drôle que vous me parliez de ça parce que je pensais à ça il y a une semaine ou deux, je me disais, « Qu’est-ce qu’on pourrait faire? Est-ce que j’enlèverais le corridor dans le public et le public de sur la scène? » Puis je me suis dit, « Bien non! Ça fait partie de sa beauté toute cette scénographie-là que j’ai faite. » Ça fait que c’est plate. Je ne sais pas ce qu’on va faire. J’espère qu’un jour elle va reprendre la route. VERSTRICHT Étant donné que vos pièces jouent pendant aussi longtemps, est-ce que vous arrivez à dire de façon générale à partir de quel moment une œuvre devient fixe? CHOUINARD C’est pas mal après 2-3 représentations. C’est sûr qu’après le soir de la première, je vais changer des petites choses. Le lendemain de la première ou de la deuxième, je peux couper trois minutes. Je peux faire des gros changements. Les danseurs le savent. Après ça, c’est des détails. C’est sûr que moi, je les trouve importants, mais je ne suis pas sûre que le monde les remarque tant que ça. Ce que j’ai la chance de faire aussi – je mets ça dans mon budget de création – c’est qu’avant de faire ma première mondiale, je m’organise pour faire le spectacle dans un théâtre avec un petit public de rien du tout. Je le fais comme en secret, donc ça me permet de le tester. Par exemple, la première fois que j’ai fait Gymnopédies, c’était en cachette à Miami. Je ne l’ai pas appelé Gymnopédies, je lui ai donné un titre barbare, mais je l’ai testé. (rires) J’ai profité du fait qu’on était là pour dire, « Là, on va faire une pièce un petit peu undercover… » VERSTRICHT Les costumes sont tellement une partie essentielle de vos spectacles, ils colorent tellement la chorégraphie que j’ai l’impression qu’il faudrait qu’ils arrivent assez tôt dans le processus… CHOUINARD Non, ils arrivent à la fin complètement; sauf pour L’après-midi d’un faune parce que je savais dès le début, quand je l’ai créé pour moi, que j’aurais des cornes sur la tête. VERSTRICHT Est-ce que vous vous patentiez quelque chose? Est-ce que vous jouiez avec une sorte de pré-corne? CHOUINARD Oui, je me mettais ça sur la tête, et c’est justement en jouant avec qu’un moment donné j’avais une corne dans mes mains et je me suis rendue compte, « Oh, my God… Si je la mets sur mon pubis, ça fait un phallus. » C’est arrivé de même! Ce n’était pas une idée préconçue. VERSTRICHT Quand on est Marie Chouinard, est-ce qu’il y a encore certains fantasmes de danse qu’on n’a pas réalisés?
CHOUINARD Je n’ai jamais eu de fantasmes. Je ne travaille pas par fantasme. Je travaille par urgence de créer. J’ai des intuitions très fortes de création, puis je crée. Je crée en masse… Je suis en train de créer une pièce pour le ballet de Martha Graham à New York. Je suis aussi en train de peaufiner un duo que j’ai fait pour Les 7 doigts de la main. Je suis tout le temps en train de créer. C’est ça que j’aime faire. VERSTRICHT Si vous êtes dans l’urgence, est-ce que ça veut dire que vous n’avez aucune peur de– CHOUINARD Non, je n’ai pas peur. C’est la joie! (rires) J’ai la création solaire, comme on dit. Je ne suis pas du tout occidentale; je ne vais pas me couper une oreille pour créer. (Je pense à Van Gogh…) Je ne suis pas dans l’angoisse quand je crée. Je suis dans l’action, le bonheur de créer. Je ne dis pas que des fois je ne me retrouve pas peinturée dans un coin à me demander « Qu’est-ce que je fais? Où suis-je rendue? » Mais je sais que, quand tu es dans un coin, il faut que tu recules un peu, puis là tu commences à voir, « Ah… Il y a une porte par là… » VERSTRICHT Quel est votre rapport à la critique? CHOUINARD Je ne les lis pas tellement. VERSTRICHT Pour quelle raison? CHOUINARD Je vais vous dire une réponse que vous allez trouver bizarre… J’ai rarement appris quelque chose. VERSTRICHT Je ne trouve pas ça bizarre du tout. Je trouve ça très intéressant, en fait. CHOUINARD Je préfère avoir une conversation avec un spectateur sur son expérience. Il faut quand même que je dise que des fois des critiques super élogieuses viennent à mes oreilles et ça me fait plaisir. C’est comme quand tes danseurs se font applaudir, quinze rappels… C’est sûr que ça fait plaisir. C’est comme recevoir de l’amour. VERSTRICHT Est-ce votre moment préféré? CHOUINARD Mon moment préféré, c’est de voir mes danseurs sur scène. Je me dis, « Ah… Ils sont tellement bons! » (rires) Je les trouve merveilleux. VERSTRICHT De quoi la danse a-t-elle besoin aujourd’hui? CHOUINARD La danse n’a besoin de rien. C’est nous qui avons besoin de nous grouiller le cul, de créer, de danser. La danse est au-dessus de tout ça. Elle est bien plus grande que nous. Prélude à l’après-midi d’un faune + Le Sacre du printemps 31 mars-2 avril à 20h www.dansedanse.ca 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Billets à partir de 36.50$
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When music and movie awards come around, everyone likes to share their own picks and predictions for who should win. Not so with dance awards though. To be fair, dance awards aren’t much of a thing. New York has the Bessies (Louise Lecavalier, Édouard Lock, José Navas, Marie Chouinard and Benoît Lachambre are all local recipients) and Toronto has the Dora Awards (Gilles Maheu & Danielle Tardiff, Paul-André Fortier, Ginette Laurin, Benoît Lachambre, Daniel Léveillé, Tom Casey, Lina Cruz and Marc Boivin have gotten their hands on one), but live productions obviously don’t travel with the same ease that records and movies do, and any prediction that those of us who don’t happen to live in those cities might make would be little more than shooting in the dark.
It’s only three years ago that Montreal got its own dance award, Les Prix de la Danse de Montréal. Its Grand Prix can be awarded to any dance artist having presented work in the city the previous season. In 2012, a prize was added for Quebec choreographers. This year, yet another will be attributed to a Quebec dancer for the first time. Predictions remain difficult as nominations are non-existent. Quebec choreographers need to submit an application to be considered, but there’s no way to know who submitted one. Still, I decided to take a stab at it. Why shouldn’t dance also get some hype? LE PRIX DU RQD - INTERPRÈTE On the radar: Sophie Corriveau (Milieu de nulle part), Michèle Febvre (CHEESE), Margie Gillis (Florilège), Louise Lecavalier (So Blue), Carol Prieur (Henri Michaux : Mouvements), Manuel Roque (Projet In Situ) My pick: Sophie Corriveau (Milieu de nulle part) Corriveau floored me like no other with her performance in Jean-Sébastien Lourdais’s Milieu de nulle part, bringing the choreographer’s embodied aesthetic to its extreme. However, some purists might find that her performance was more acting than dancing. That’s not the only problem. Corriveau is actually part of the jury that gets to pick the recipient of the award this year. (Let’s note that Michèle Febvre is also part of the jury.) Let’s assume that Corriveau is humble enough not to vote for herself; one vote is a big loss when there are only five members in the jury. Her only chance to win is if the other four feel comfortable enough to shove the award in her hands. My prediction: Margie Gillis (Florilège) That’s why my second choice, Margie Gillis, will probably win. She is one of the most recognizable figures in Quebec dance and, with her show that celebrated her forty-year career by revisiting five pieces created over two decades (1978-1997), Gillis reminded us why that is the case. Her practice has legitimized dancing from the inside out. She makes the intangible manifest. LE PRIX DU CALQ POUR LA MEILLEURE ŒUVRE CHORÉGRAPHIQUE On the radar: Marie Chouinard (Henri Michaux : Mouvements), Lina Cruz (Rockin’), Maria Kefirova (The Nutcracker), Benoît Lachambre (Prismes), Jean-Sébastien Lourdais (Milieu de nulle part), Manuel Roque (Projet In Situ) My pick: Marie Chouinard (Henri Michaux : Mouvements) By translating Henri Michaux’s drawings into dance, Chouinard once again proved her ability to think the human body creatively. Some might (wrongly) feel that having a sort of pre-written choreographic score is cheating. Others might (rightly) feel it’s time to give someone else a chance as Chouinard already won the award two years ago… My prediction: Marie Chouinard (Henri Michaux : Mouvements) …but Benoît Lachambre already won the Grand Prix just last year; Maria Kefirova and Jean-Sébastien Lourdais’s work might not be considered “dancey” enough by some; Lina Cruz’s delightfully eccentric work was created for the students at L’École de Danse Contemporaine and so might have slipped under the radar; as might have Manuel Roque’s Projet In Situ (in which his choreography really became his own), which was presented for free in L’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme of Place des Arts. For those reasons, Chouinard has a good chance of winning again. LE GRAND PRIX DE LA DANSE DE MONTRÉAL On the radar: Marie Chouinard (Henri Michaux : Mouvements), Olivier Dubois (Tragédie), Jan Fabre (Drugs Kept Me Alive), Margie Gillis (Florilège), Maguy Marin (Salves), Meg Stuart (Built to Last) My pick: Olivier Dubois (Tragédie) After drilling the image of eighteen naked bodies walking up and down the stage into our heads for thirty minutes, Dubois created a work that explored all the big themes (life, the passage of time, mortality, death, and the role of art in all of this; in one word: humanity) without ever resorting to shortcuts, but by letting the meanings emerge on their own. However, the jury will probably consider Dubois too young to win this award (the previous three recipients were all born between 1958 and 1960)… My prediction: Maguy Marin (Salves) …which is why Marin will most likely win. The jury must be wishing that this award existed seven years ago so that they could have given it to her in light of the far superior Umwelt, but this will be their chance, especially since Marin comes to Montreal so rarely. They probably figure that they have a better chance of getting to give the prize to the other five in the future. They might also wish to avoid giving it to Chouinard or Gillis so as to not appear chauvinistic since two of the previous recipients, including last year’s, are from Montreal. Did I miss anyone who should be on the jury’s radar or mine? ![]() Du 15 au 17 janvier et du 12 au 14 mars, le danseur et chorégraphe Manuel Roque présentera Projet In situ, un solo inédit crée spécialement pour l'Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts. Pour l'occasion, retour sur une entrevue avec l'artiste alors qu'il s'apprêtait à danser un autre solo, Des deux dans la nuit de Marie Chouinard. De la France au Canada, du cirque à la danse. Ce sont des transitions qui pourraient ne pas paraître évidentes pour plusieurs, et pourtant le danseur Manuel Roque en parle comme si c’était une progression tout à fait naturelle. « Tous les éléments étaient là pour que je passe à la danse, » me dit-il. Il fait une formation préparatoire en cirque en France avant d’être admis à l’École nationale de cirque à Montréal. Après deux ans et demie de formation comme acrobate aérien, il joint le Cirque Éloize. Reconnaissant probablement les forces de chacun, les mondes du cirque et de la danse ont tendance à se frotter l’un contre l’autre à Montréal. Alors que Roque participe au spectacle Cirque Orchestra, il est entouré de figures de la danse : Alain Francoeur est metteur en scène; Johanne Madore, chorégraphe; et Lucie Vigneault, danseuse. Cette dernière relation transcendera le professionnel. Les deux sont depuis devenus « proches, proches, proches. » Après avoir partagé la scène une fois de plus cette année dans 4quART, ils travaillent maintenant sur un duo signé Roque. C’est il y a moins de dix ans que Roque fait officiellement la transition à la danse en participant à deux spectacles, l’un de Dominique Porte, l’autre d’Hélène Langevin. Même s’il a depuis multiplié les expériences professionnelles (avec Paul-André Fortier, Sylvain Émard, et Paula de Vasconcelos), son entrée dans l’univers de Marie Chouinard en 2006 souligne la particularité de la chorégraphe. « C’était quelque chose de complètement différent, beaucoup plus sur le ressenti, beaucoup plus sur des trucs cinétiques, puis un travail de colonne… Même physiquement, c’était assez différent de ce que j’avais fait dans ma carrière. » L’audition s’est elle aussi avérée hors norme pour une compagnie de l’envergure de celle de Chouinard. La chorégraphe cherchait à remplacer le danseur David Rancourt, qui quittait la compagnie. Dans la même journée, le nom de Roque arrive aux oreilles de Chouinard trois fois. « Elle m’a appelé, puis j’ai passé une audition, mais je ne m’attendais vraiment à rien. C’était vraiment une chance énorme, puis j’y allais un peu pour ça, pour la rencontre avec Marie… Puis ça l’a marché tout de suite. » Il cancelle deux ans de projets pour se joindre à la compagnie, où il passe trois ans à temps plein. Il part en tournée avec bODY_rEMIX, Chorale, Les 24 Préludes de Chopin, Le Sacre du printemps, Les Trous du ciel, et participe à la création d’Orphée et Eurydice. Pour célébrer les vingt ans de la compagnie, Chouinard lui fait preuve d’une grande confiance en lui offrant le premier solo qu’elle a crée pour un homme (Elijah Brown, en 1999), Des feux dans la nuit. « Les univers de Marie, physiquement, c’est chargé; émotionnellement, c’est chargé. Ça fait que c’est un gros défi. C’est un marathon parce qu’il y a quinze [shows] en ligne. Mais c’est un cadeau en même temps. Pour un danseur, c’est… » Les mots lui manquent et l’air s’échappe de sa bouche. Ceux qui sont familiers avec l’univers de Chouinard seront peut-être surpris par Des feux dans la nuit. « Il y a des différences dans l’énergie. C’est une pièce hyper méditative, hyper contemplative. Ce n’est pas un show qui est extraverti comme ses œuvres peuvent l’être. C’est un show plus sur l’intimité, sur quelque chose de fragile. Pour moi, c’est une méditation. Ce n’est pas un exutoire ou quelque chose d’hyper démonstratif. C’est hyper sensible. » Est-ce que cela signifie que l’aspect sexuel, typique chez Chouinard, n’y est pas aussi prononcé? « Elle parle de pulsions, d’organique, de l‘humain, puis c’est sûr que la sexualité fait partie de ça, d’une pulsion animale. Ça fait qu’il y en a dans le solo, mais ce n’est pas appuyé, ce n’est pas in your face comme dans Orphée, par exemple. Le registre est beaucoup plus poétique, beaucoup plus viscéral. » J’essaie de comprendre comment on arrive à l’intimité, un terme que j’associe aux relations, lorsqu’on se trouve seul sur scène. Roque m’éclaire : « C’est comment, comme spectateur, tu entres dans une petite bulle, la petite bulle d’un humain. Et ça, c’est la base de tout solo, je pense. C’est quelque chose de plus intime, plus personnel, plus singulier. » Projet In situ 15-17 janvier & 12-14 mars à 17h Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts http://laplacedesarts.com/spectacles/12953/projet-in-situ.fr.html 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Gratuit ![]() As my years as a dance critic pile on, it’s probably to be expected that I see more and more works I’ve already seen. This year, I can think of at least five off the top of my head. The one that most stood up to a repeat viewing was Matija Ferlin and Ame Henderson’s The Most Together We’ve Ever Been. I took the bus to Ottawa to see it just as a snowstorm was hitting the city. The ride ended up taking four hours. I barely had enough time to shove some of the worst food I’ve ever had in my mouth before running over to Arts Court, an old courthouse that has been turned into a beautiful art space. And, as soon as the show started, I knew it was all worth it. Back in Montreal, Israeli choreographer Sharon Eyal made a much-anticipated return after six years with Corps de Walk, a show she created with her partner Gai Behar. The uniformity she imposed on the twelve dancers of Norway’s Carte Blanche was oppressive and disturbing. It was its own indictment of homogeneity. At the Biennale de gigue contemporaine, the always reliable Nancy Gloutnez stood out yet again. With Les Mioles, she borrowed from classical music and became a conductor, turned her dancers’ feet into instruments, and composed a score reminiscent of Steve Reich in its obsessive build-up. After years of being one of the most rigorous emerging choreographers in Montreal, Sasha Kleinplatz has now fully emerged with Chorus II. The audience stood above six male dancers who swayed between demonstrations of physical strength and chill-inducing vulnerability. It is now up to venue artistic directors everywhere to shine on Kleinplatz the spotlight she so clearly deserves. Speaking of which, 2013 was the year of Agora de la danse. They probably had their best programming since I started following dance. It all began with Karine Denault’s Pleasure Dome, in which musicians and dancers explored pleasure without ever lazily resorting to shortcuts. Rather, she allowed the meaning of the work to emerge on its own and for Pleasure Dome to impose itself by the same token. It was followed by When We Were Old, a duo by Québec’s Emmanuel Jouthe and Italy’s Chiara Frigo (presented in collaboration with Tangente). The choreographer-dancers managed to bypass every single contemporary dance cliché that usually occurs as soon as a man and woman are onstage. In each and every moment, their encounter felt fresh and sincere. Agora ended the year with Prismes by Benoît Lachambre, who a month later would win the Montreal Dance Prize. Created for Montréal Danse, Prismes explored the effect of light on perception in a chromatic environment, as well as the fluidity of gender. Lighting designer Lucie Bazzo outdid herself for this highly experiential work. At the Festival TransAmériques, it was French choreographer Boris Charmatz who stood out with Levée des conflits, an opus of twenty-five movements repeated as a canon by twenty-four dancers. From the simplicity of the choreography to the high number of performers, Levée des conflits impressively hovered between minimalism and excess. I spent the summer in Iceland, where my trip ended with the Reykjavík Dance Festival. There, Norway’s Sissel M Bjørkli presented one of the most singular shows I’ve ever seen with Codename: Sailor V. It took place in a tiny space, barely big enough to seat fifteen. The smoke that filled the room along with Elisabeth Kjeldahl Nilsson and Evelina Dembacke’s intensely saturated coloured lighting blurred the edges of everything. Inspired by anime, Bjørkli created an alter ego for herself and through imaginative play managed to turn an office chair into a spaceship. That shit was magical. So was Nothing’s for Something by Belgium’s Heine Avdal and Yukiko Shinozaki, which opened with a ballet for six curtains, each suspended by six huge helium-filled balloons. Set to classical music, it was reminiscent of Disney’s Fantasia. For its finale, eight such balloons were left to float around the room while emitting breathing sounds, appearing like disembodied alien visitors. Soon after my return to Montreal, Marie Chouinard presented Henri Michaux : Mouvements. The genesis of this work, when Carol Prieur first incarnated the drawings of Henri Michaux back in 2005, is the reason why I’m a dance critic today. Seeing the twelve dancers of Chouinard’s company lend themselves to the exercise was just as riveting eight years later. By translating drawings into movement, Chouinard demonstrated the power of dance to think the body creatively. Usine C ended the year on a high note with their program from the Netherlands, most especially Ann Van den Broek’s feminist work for three female dancers, Co(te)lette. The show was powerful in its exposition of women’s bodies as a site of tension, torn between being objects of desire and embodied subjects. We can only hope that there will be more works like it in 2014. ![]() Je suis critique de danse parce qu’il y a huit ans j’ai eu la chance de voir Carol Prieur incarner les dessins d’Henri Michaux. Aujourd’hui, ce sont les douze danseurs de la Compagnie Marie Chouinard qui se prêtent à l’exercice. Malgré les centaines de spectacles de danse que j’ai vus entre ces deux moments, l’effet demeure saisissant. Tentative d’explication. Henri Michaux : Mouvements Chouinard et ses danseurs font une lecture littérale des dessins à l’encre de Chine des Mouvements de Michaux. Non. Impossible. Ils font une traduction littérale de ses dessins. Mot à mot. Dessin à danse. D’un médium à un autre. Tout ne peut être qu’interprétation. Ce travail de traduction infuse la chorégraphie de positions, de mouvements inhabituels. Rien n’est, ne peut être littéral. Pour suivre ces instructions au pied de la lettre, il faut faire preuve d’imagination. C’est ça, la danse. À partir de contraintes, trouver des solutions créatives à travers le corps. Le corps est souvent perçu comme étant la prison de l’âme. La danse le nie. Elle lui donne sa liberté. Sans lui, rien. La prison, c’est le non-être; le non-corps. Mais, oui, lecture il y a. Lecture dans le corps. La course effrénée, de gauche à droite, de haut en bas, pour suivre l’ordre des dessins sur la page. Le temps de tourner la page : la brève attente, l’anticipation. What next? Le désir de lire. Gymnopédies Chouinard sort les Gymnopédies d’Erik Satie des annonces de salon funéraire et les emmène dans le Jardin d’Éden. Début de cocons; naissance des danseurs, nus. Des pointes, des jambes écartées, des genoux formants des angles de 90 degrés, un pont humain, une image rappelant bODY-rEMIX/les vARIATIONS gOLDBERG, autre œuvre de la chorégraphe. Parade de séduction avec une certaine dose d’autodérision. Merci, nez de clown! Danse animale, rituel d’accouplement, ébats amoureux, d’abord très hétéro, très sexuel, comme c’est souvent le cas chez Chouinard. La lumière comme fruit défendu : les danseurs sont vus, comme ils l’étaient déjà; ce qui change, c’est qu’ils voient qu’ils sont vus. La perte de l’innocence. Ils se cachent sous leurs couvertures. Retour au cocon. Renaissance qui demande qu’on renouvelle notre regard, qu’on se défasse de nos attitudes face à la nudité, au sexe, de notre fausse pudeur catholique. Rideau. Non. Fausse fin. Série de fausses fins. C’est drôle. Je me disais que les danseurs, qui ont dû apprendre à jouer les Gymnopédies au piano, doivent être écœurés de les entendre. C’est la version mélancolique de la chanson qui ne finit plus. Ce semble à propos que le spectacle ne finisse plus non plus. 31 octobre-2 novembre à 20h Théâtre Maisonneuve www.dansedanse.ca 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Billets à partir de 34$ ![]() 2011 tire à sa fin. Heure des bilans. Retour sur les œuvres et artistes qui ont marqué le paysage de la danse à Montréal. Encore une fois cette année, le Festival TransAmériques s’est démarqué grâce à la programmation audacieuse de Marie-Hélène Falcon. C’est ici qu’on aura trouvé le show de l’année, Still Standing You de Pieter Ampe et Guilherme Garrido, une pièce sans musique, sans éclairage théâtral, et éventuellement sans costume, où on ne peut que créditer la performance des deux chorégraphes-interprètes pour avoir créer un show des plus prenants. Derrière une grosse couche trash à la Jackass, ils ont composé le spectacle le plus dense de l’année. De son côté, la chorégraphe Cindy Van Acker a présenté non pas une, deux, ou trois pièces, mais bien quatre qui démontraient toutes un engagement total dans la poursuite d’idées chorégraphiques claires et simples, mais riches : Lanx, Obvie, Nixe, et Obtus. À partir de séquences de mouvements souvent élémentaires, elle composait une danse si pure qu’elle en devenait graphisme et parfois même voyage initiatique parmi un éclairage sculptural de néons. Du côté du Québec, la chorégraphe Chanti Wadge a quant à elle créer un univers magique aux côtés du magnifique danseur David Rancourt avec o deer! Inspirée par les rituels autochtones et le règne animal, elle a réussi à invoquer les esprits ancestraux et transformer les corps, occasionnant l’émergence de la nature en plein milieu de la ville. Aussi digne d’être mentionné : Bodies in Urban Spaces de Willi Dorner, pour laquelle une douzaine de jeunes danseurs se sont adonnés à un mélange de parkour et de planking pour s’insinuer dans des racoins du centre-ville qui auraient autrement paru hors de notre portée. La masse spectatrice déambulatoire devenait elle-même un objet de spectacle pour les passants qui n’avaient aucune idée de ce qui se passait. On avait le sourire collé au visage et on regarde encore la ville d’un autre œil. Pour clore cette longue parenthèse FTA, finissons avec la chorégraphe Lia Rodrigues qui a trouvé son inspiration dans le chaos pour Pororoca. De la parade initiale des multiples interprètes qui fait du plancher un dégât jusqu’à leur installation en une ligne verticale en milieu de scène où ils exécuteront la majorité de leur danse dans cette formation hors du commun, le désordre permet aux danseurs de repenser le mouvement et de se rencontrer dans un corps-à-corps qui peut être autant empreint de violence que d’amour. Côté diffuseur, c’est toujours Tangente qui mène la danse contemporaine de l’avant avec une programmation éclectique et ouverte à l’innovation. On retient surtout deux pièces. La première : Costing not less than everything de Susanna Hood. Dans ce solo interprété de façon magistrale par Holly Bright, la lumière qui frappe le corps vulnérable de la danseuse est celle qui illumine aussi son chemin, au bout duquel elle dira oui à tout ce qui s’offre à elle, puisque tout passe par la vie. Profondément touchant. Deuxième coup de cœur chez Tangente : Tokyo Loft (Koshitsu) de Maki Morishita. Pour cette pièce, la chorégraphe-interprète a limité sa danse à un carré grand comme un ascenseur pour aborder de façon ludique la place réservée à l’art dans nos vies occupées et la nécessité de l’imagination pour surmonter une certaine passivité intellectuelle et physique moderne. C’était aussi drôle qu’inquiétant. À l’Agora de la danse, c’est Ame Henderson qui a une fois de plus fasciné avec sa pièce de groupe relay. La chorégraphe a équipé ses interprètes d’une structure précise qui leur permettait de danser en synchro n’importe quelles séries de mouvements qu’ils avaient apprises au cours de leurs carrières de danseurs; donc chaque représentation était complètement différente. Quand on pense que l’an dernier c’était Michael Trent qui nous avait surpris avec It’s about time, c’est à se demander si c’est maintenant à Toronto que la danse conceptuelle se fait. À Montréal, Sarah Dell’Ava est à peu près la seule à porter ce flambeau. Avec Esquisse 3 : Dans les plis, elle a une fois de plus prouvé qu’elle demeure la chorégraphe émergente à surveiller. Elle démontre l’intérêt qu’il y a à danser avec sa tête et non pas juste avec son corps. Elle remontera Dans les plis pour Tangente au Monument-National du 9 au 12 février. C’est évidemment à ne pas manquer. Un autre chorégraphe émergent qui mérite qu’on parle de lui : Patrick Lloyd Brennan, qui n’a pas attendu après les diffuseurs pour montrer son travail; il a présenté sa nouvelle création dans son propre loft. The New Bourjoiesie était un portrait satirique décapant d’une génération éduquée, nourrie de références culturelles, mais autrement incapable d’accomplir quoi que ce soit. L’art comme miroir déstabilisant. 2011, c’était aussi évidemment l’année de Marie Chouinard, qui fêtait les vingt ans de sa compagnie avec une longue série de spectacles. On se remémore Étude No 1, solo reposant presque entièrement sur les… pieds de Lucie Mongrain, qui dansait la claquette sur un plancher bourré de micros. Chouinard a un don pour la dramatisation de l’espace et c’était ici à son apogée. Avec son nouveau spectacle, LE NOMBRE D’OR (LIVE), elle a créé un monde étrange peuplé de créatures qui (du moins au début) ne semblaient rien avoir en commun avec nous. Une réflexion originale sur l’altérité de l’humain. Il faudrait aussi noter que plus de la moitié des pièces mentionnées ici (celles de Cindy Van Acker, Susanna Hood, Maki Morishita, Sarah Dell’Ava, et une de Marie Chouinard) sont des soli. Je ne suis pas sûr quelle conclusion en tirer… Peut-être qu’à défaut de quantité elles osent nous offrir la qualité? Habituellement, je ne mentionne pas de mauvais coups parce qu’on s’entend que, contrairement au cinéma ou à la musique, il est difficile d’argumenter que les artisans de la danse essaient de nous faire avaler de la merde pour faire des profits. Toutefois, cette année, je dois avouer être d’accord avec Fabienne Cabado du Voir et Aline Apostolska et Stéphanie Brody de La Presse; je commence moi aussi à être un peu tanné de la programmation du Théâtre La Chapelle, qui semble de plus en plus déterminée par leur marketing. Ils capitalisent un peu trop sur l’excitation des organes génitaux et pas assez sur celle de l’esprit. En espérant que ça change en 2012… Sur ce, Bonne et heureuse année! ![]() Leatherface, Michael Myers, Les yeux sans visage… Des masques qui fendent le visage en deux, exposant des bouches qui s’ouvrent sans communiquer. Des masques beiges dans un monde beige. Des perruques de tapis blond angora. Une douzaine de ces figures androgynes. Elles sont inquiétantes, étranges, voire étrangères. Comme les extra-terrestres de Solaris, leurs motifs sont indevinables, et ce malgré la multiplicité des perspectives offertes sur l’action : des spectateurs des trois côtés de la scène, le quatrième côté même révélé par la vidéo live projetée sur cinq écrans (tournées d’un quart pour épouser des proportions plus humaines), et une plateforme qui s’étend de douze mètres dans le public. La chorégraphe Marie Chouinard a le don de créer des petits univers autonomes, et encore une fois elle y réussi avec brio pour LE NOMBRE D’OR (LIVE). Ses créatures s’étendent sur le sol et l’écho de leurs rires collectifs atteint presque le gémissement, alors que leurs corps se dandinent tels des ressorts gélatineux. Pourquoi rient-elles? Impossible de savoir. Au milieu de lampes industrielles (fashion) qui les éclairent de près, les danseurs se transforment à l’aide de masques un peu plus grands que nature en une armée de… Stephen Harper. Ça s’avère plus drôle qu'effrayant, peut-être parce que ce n’est pas sans rappeler les méthodes d’animation cheap de South Park. Avec leurs motifs obscurs, ces figures font aussi penser à des émissions plus appropriées pour les enfants, avec leurs bonhommes souvent incompréhensibles. J’ai même écrit « teletubbiesque » dans mes notes. Un revirement s’enclenche lorsqu’ils reviennent à leur masque initial, mais orné de lunettes noires et d’oreilles démesurées. Des mots s’échappent de leurs bouches. Pas des phrases, mais des mots, tout de même. Ça les rend un peu moins étrange, un peu plus humain. Ils sont aussi plus reconnaissables dans leur sexualité grandissante, dans ces expressions d’extase alors qu’un baiser se matérialise, qu’une main caresse l’entre-jambe. Sans son masque, le danseur James Viveiros peut être identifié. Il porte toutefois une longue perruque blonde qui s’étend jusqu’à sa taille. Avec ses expressions faciales démentes, c’est assez pour causer des flashbacks de Killer BOB dans Twin Peaks. Les ventres aussi se contorsionnent, se refoulant contre la colonne vertébrale pour révéler les côtes des interprètes. Un couple n’arrive pas à être heureux en même temps. Elle rie quand il pleure, et vice versa. Le malheur des uns… Et elle pleure, tout en performant des stepettes de ballet, de danse de club, de claquette. Et c’est comique, parce que c’est qu’on ne voit jamais; c’est la job de l’interprète d’offrir une performance qui voile son état d’âme réel. Pour le spectacle. Sous l’œil de danseurs arborant des masques de personnes du troisième âge, Carol Prieur se pointe, sans déguisement. Les lignes de ses jambes démontrent sa dextérité, mais elles ne cessent de sautiller sur le plancher. Elle pourrait être en plein contrôle, si son corps n’était pas si plein de drame. Elle est ce qu’il y a de plus humain dans tout le spectacle. C’est bouleversant. C’est sous des masques de bébés que les danseurs finissent le spectacle, nus comme des vers. Avez-vous déjà vu des bébés? Ça crie, ça rie, ça pleure… Allez savoir pourquoi. Quand j’y pense, ce ne sont pas les extra-terrestres de Solaris qui sont incompréhensibles. Ce sont les êtres humains. LE NOMBRE D’OR (LIVE) 24-26 novembre à 20h Théâtre Maisonneuve, Place des Arts www.dansedanse.net 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Billets à partir de 29,50$ ![]() Il est intéressant de voir Étude No 1 de Marie Chouinard moins d’une semaine après avoir assisté à la Biennale de Gigue Contemporaine. Qui aurait cru que la chorégraphe serait celle qui immiscerait la gigue dans un climat décidément contemporain… il y a dix ans de ça. En effet, ce solo a été créé en 2001 pour la danseuse Lucie Mongrain, qui reprend son rôle aujourd’hui pour célébrer les vingt ans de la Compagnie Marie Chouinard. C’est que Chouinard a un don pour la dramatisation de l’espace. Même lorsque Mongrain et son confrère James Viveiros entrent en scène que pour préparer la performance, ils captivent déjà notre intérêt. Bien sûr, la préparation elle-même est performance puisqu’on aurait pu s’en charger avant le spectacle. Lorsque la scène est prête, Viveiros dépose Mongrain sur le plancher bleu surélevé au milieu de celle-ci. Encore là, Mongrain pourrait clairement approcher le plancher de par elle-même, mais cette petite touche fait virer la performance dans le domaine du rituel. Dans la main de Viveiros, deux boules métalliques. Elles sont lancées et tombent sur le plancher de bois avec vacarme, leur son amplifié, mais leur roulement grave réconfortant. Les pas de Mongrain sont soumis au même traitement sonore, ce qui contribue grandement à la richesse d’Étude No 1. Le travail de Louis Dufort à la musique et au dispositif sonore interactif est exceptionnel. Vers la fin, les pas de Mongrain engendrent des effets sonores tels des vitres qui éclatent en morceaux, une disjonction qu’on dirait tirée d’un cartoon de Bugs Bunny. Plus tôt, les claquettes de Mongrain glissent sur le bois bleu avec le son d’une lame sur la glace. Ces glissements menacent de l’étaler de son long. Le mouvement est par contre éclectique. Quelques instants plus tard, il est robotique, les jambes et bras raides de Mongrain se pliant en parfaite synchronisation. Suit un tapement nerveux de la pointe du pied. La pièce est divisée en sections marquées par les sorties du et réentrées sur le plancher. Ces intervalles deviennent le site de préparations psychologiques pour Mongrain avant de se lancer dans des sections particulièrement intenses. Ces répétitions à la va-vite ne sont pas sans humour, comme ces coups de poing lancés dans le vide qui transforment le plancher an arène de boxe. Tout ça avant quelques pas de ballet sur la pointe des pieds, évidemment. Malgré (ou plutôt « dû à ») sa grande maîtrise, Mongrain parvient à communiquer le paradoxe de son corps. Parfois elle se bat contre son tronc qui s’affaisse, tentant tant bien que mal de le relever. La danseuse peut bien être en contrôle de son corps, elle n’en demeure pas moins humaine; il continue de se défaire comme celui de tout mortel. Étude No 1 était suivie de Les Trous du ciel, la première pièce de groupe que Chouinard a chorégraphié, en 1991. Catherine Lalonde du Devoir trouve que la pièce a mal vieilli… Elle est emblématique de son époque, certainement, mais à mes yeux nouveaux elle est toujours fascinante. L’utilisation du son (la seule musique est la voix des danseurs, chacun ayant son micro) est encore là magnifique. Même sur le plan visuel, le passage du lever du soleil à son coucher sans jamais apercevoir le jour crée une atmosphère magique. J’ai grandement apprécié la visite de cette tribu nordique dont les rituels épousent le mouvement des animaux. Oui, c’est de l’histoire, mais ça n’en demeure pas moins une expérience. La célébration des 20 ans de la Compagnie Marie Chouinard se poursuit au Théâtre La Chapelle en mai avec Des feux dans la nuit, le premier solo que l’artiste a chorégraphié pour un homme. On retrouvera la compagnie avec Danse Danse lorsqu’elle présentera sa plus récente création, Le Nombre d’or (live), en novembre. www.lachapelle.org www.dansedanse.net |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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