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![]() Du 15 au 17 janvier et du 12 au 14 mars, le danseur et chorégraphe Manuel Roque présentera Projet In situ, un solo inédit crée spécialement pour l'Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts. Pour l'occasion, retour sur une entrevue avec l'artiste alors qu'il s'apprêtait à danser un autre solo, Des deux dans la nuit de Marie Chouinard. De la France au Canada, du cirque à la danse. Ce sont des transitions qui pourraient ne pas paraître évidentes pour plusieurs, et pourtant le danseur Manuel Roque en parle comme si c’était une progression tout à fait naturelle. « Tous les éléments étaient là pour que je passe à la danse, » me dit-il. Il fait une formation préparatoire en cirque en France avant d’être admis à l’École nationale de cirque à Montréal. Après deux ans et demie de formation comme acrobate aérien, il joint le Cirque Éloize. Reconnaissant probablement les forces de chacun, les mondes du cirque et de la danse ont tendance à se frotter l’un contre l’autre à Montréal. Alors que Roque participe au spectacle Cirque Orchestra, il est entouré de figures de la danse : Alain Francoeur est metteur en scène; Johanne Madore, chorégraphe; et Lucie Vigneault, danseuse. Cette dernière relation transcendera le professionnel. Les deux sont depuis devenus « proches, proches, proches. » Après avoir partagé la scène une fois de plus cette année dans 4quART, ils travaillent maintenant sur un duo signé Roque. C’est il y a moins de dix ans que Roque fait officiellement la transition à la danse en participant à deux spectacles, l’un de Dominique Porte, l’autre d’Hélène Langevin. Même s’il a depuis multiplié les expériences professionnelles (avec Paul-André Fortier, Sylvain Émard, et Paula de Vasconcelos), son entrée dans l’univers de Marie Chouinard en 2006 souligne la particularité de la chorégraphe. « C’était quelque chose de complètement différent, beaucoup plus sur le ressenti, beaucoup plus sur des trucs cinétiques, puis un travail de colonne… Même physiquement, c’était assez différent de ce que j’avais fait dans ma carrière. » L’audition s’est elle aussi avérée hors norme pour une compagnie de l’envergure de celle de Chouinard. La chorégraphe cherchait à remplacer le danseur David Rancourt, qui quittait la compagnie. Dans la même journée, le nom de Roque arrive aux oreilles de Chouinard trois fois. « Elle m’a appelé, puis j’ai passé une audition, mais je ne m’attendais vraiment à rien. C’était vraiment une chance énorme, puis j’y allais un peu pour ça, pour la rencontre avec Marie… Puis ça l’a marché tout de suite. » Il cancelle deux ans de projets pour se joindre à la compagnie, où il passe trois ans à temps plein. Il part en tournée avec bODY_rEMIX, Chorale, Les 24 Préludes de Chopin, Le Sacre du printemps, Les Trous du ciel, et participe à la création d’Orphée et Eurydice. Pour célébrer les vingt ans de la compagnie, Chouinard lui fait preuve d’une grande confiance en lui offrant le premier solo qu’elle a crée pour un homme (Elijah Brown, en 1999), Des feux dans la nuit. « Les univers de Marie, physiquement, c’est chargé; émotionnellement, c’est chargé. Ça fait que c’est un gros défi. C’est un marathon parce qu’il y a quinze [shows] en ligne. Mais c’est un cadeau en même temps. Pour un danseur, c’est… » Les mots lui manquent et l’air s’échappe de sa bouche. Ceux qui sont familiers avec l’univers de Chouinard seront peut-être surpris par Des feux dans la nuit. « Il y a des différences dans l’énergie. C’est une pièce hyper méditative, hyper contemplative. Ce n’est pas un show qui est extraverti comme ses œuvres peuvent l’être. C’est un show plus sur l’intimité, sur quelque chose de fragile. Pour moi, c’est une méditation. Ce n’est pas un exutoire ou quelque chose d’hyper démonstratif. C’est hyper sensible. » Est-ce que cela signifie que l’aspect sexuel, typique chez Chouinard, n’y est pas aussi prononcé? « Elle parle de pulsions, d’organique, de l‘humain, puis c’est sûr que la sexualité fait partie de ça, d’une pulsion animale. Ça fait qu’il y en a dans le solo, mais ce n’est pas appuyé, ce n’est pas in your face comme dans Orphée, par exemple. Le registre est beaucoup plus poétique, beaucoup plus viscéral. » J’essaie de comprendre comment on arrive à l’intimité, un terme que j’associe aux relations, lorsqu’on se trouve seul sur scène. Roque m’éclaire : « C’est comment, comme spectateur, tu entres dans une petite bulle, la petite bulle d’un humain. Et ça, c’est la base de tout solo, je pense. C’est quelque chose de plus intime, plus personnel, plus singulier. » Projet In situ 15-17 janvier & 12-14 mars à 17h Espace culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place des Arts http://laplacedesarts.com/spectacles/12953/projet-in-situ.fr.html 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Gratuit
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Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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