Premier duo, extrait de Weight x 3, introduction du chorégraphe Tao Ye et de la danseuse, Wang Hao ou Lei Yan. Les deux interprètes apparaissent main dans la main, comme deux enfants qui refusent de se lâcher, sauf pour faire une pirouette ici et là, reprenant immédiatement la main de l’autre comme si c’était une question de vie ou de mort. Chorégraphie aux airs enfantins, donc, mais pour laquelle les danseurs refusent de laisser transparaitre le plaisir sur leurs visages. Leurs mouvements se font miroir ou sont synchros, surtout composés de ballotements de tête, les pieds transportant le corps de part et d’autre, les bras étant évidemment limités.
Deuxième extrait de la même pièce, solo de Duan Ni, où la danseuse fait tourner un long bâton autour de son corps. Toujours la même réaction de ma part face à l’accessoire en danse : ce qui est intéressant de l’objet est la contrainte qu’il impose au corps en mouvement, mais il distrait du corps lui-même; je voudrais toujours revoir la même pièce sans l’accessoire. Sinon, ici, ça donne une performance plus appropriée pour une cérémonie d’ouverture aux Olympiques. Enough said.
Au final, 2, une pièce qui, contrairement à ses interprètes (Tao Ye et Duan Ni ou Lei Yan), se tient debout. Les danseurs y apparaissent plutôt comme des corps-cadavres manipulés en mouvements isolés, parfois comme des marionnettes suspendus par des fils, abandonnés dans des positions plus inconfortables les unes que les autres.
Enfin, une force motrice les habite, mais le corps conserve une fluidité qui les laisse cloués au sol. Ils demeurent accroupis et leurs têtes basses, parallèles au sol, se ballotent comme dans Weight x 3, suivant le mouvement des corps. Ceux-ci sont toujours en relation, souvent près l’un de l’autre, mais jamais en contact.
Comme si l’invisibilité de leur visage – qui rappelle le solo If you couldn’t see me (1994) de Trisha Brown – n’était pas assez, les interprètes sont rendus encore plus anonymes. Leurs cranes sont rasés, grisâtres, effaçant les différences entre eux tout comme leurs costumes eux aussi gris, et ils sont souvent dos au public. Même lors que leur visage devient visible, ils se cachent derrière leurs paupières, presque toujours fermées.
Ce sont ces contraintes, multiples mais cohérentes, qui élèvent 2 au-dessus des pièces qui la précèdent.
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