
La Tragédie d’Olivier Dubois, c’est peut-être ce défilé de dix-huit corps nus, microcosme humain, vers l’inévitable mort. Ou c’est peut-être autre chose…
Pour un instant, la marche se ralentie, comme si on la plaçait sous une loupe. Ce moment n’est pas plus signifiant que n’importe quel autre. Il est tout comme celui qui vient avant ou après. La poète Edith Sitwell a dit que la poésie est la déification de la réalité. N’importe quel moment pourrait être ralenti, être déifié, être poésie.
Les acteurs de ce choeur épousent des poses statuesques. Par le fait même, ils dessinent leur vie, la colorent, l’écrivent. La tragédie est peut-être plutôt la mythologie que l’humain crée pour être moins animal, pour être plus divin : pour que sa vie excède sa propre durée. Le Christ est mort; longue vie au Christ!
Des mouvements individuels commencent à émaner des corps, les propulsent hors de leur rang. L’espace doit maintenant être navigué pour éviter les collisions avec les autres. On ne peut parler de liberté. Les mouvements ne semblent pas consciemment choisis autant qu’ils semblent naturellement se manifester par ce qui fait de chacun un individu au-delà de son contrôle. On ne crée pas le destin; on le réalise.
Au coeur de ces convulsions, des mouvements synchronisés apparaissent, la collectivité donnant par moments à l’individu quelque chose d’un peu plus grand que lui. La déification par le nombre, par l’amplification, par la volonté : le désir même de la déification.
Une lumière stroboscopique fragmente l’action en images partielles. Nous ne percevons que des fragments du tout. Comme toujours, chaînon que nous sommes.
1-3 mai à 20h
Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
www.dansedanse.ca
514.842.2112 / 1.866.842.2112
Billets : 34$ + taxes