Local Gestures
because the personal is cultural
Audrey Rochette mène une carrière parallèle de chorégraphe et d'interprète. Depuis sa sortie de l'École de Danse Contemporaine de Montréal, ses pièces Poros (2010), In Vitraux (2013), A Rift in the Wall (2013) et CAKE (2012 et 2014) ont été diffusées à Tangente, au Festival Phenomena, au Théâtre Mainline et à Zone Homa. En tant qu'interprète, Audrey collabore aux projets de Kondition Pluriel pour European/ Mobile/ Dome/ Lab et Enjeux. Elle a dansé pour Lucie Grégoire, Isabelle Boulanger, Rosie Contant, Bruno Dufort et Vanessa Bousquet.
Quel a été ton premier amour en danse? Meg Stuart. Je me rappelle du sentiment innommable que j'ai eu en regardant une captation sur VHS de sa performance solo soft wear au FIND... Ça a tout changé. Et, fait intéressant, les artistes qui ont influencé ma pratique et avec qui je sens un lien filial très puissant ont souvent travaillé soit directement avec elle ou avec des artistes qui ont gravité autour d'elle, comme Benoît Lachambre, sans que je ne le sache en premier lieu. Je trouve fascinants les liens indicibles qui se tissent entre des artistes, les pratiques qui se répondent, l'effet papillon que ça crée. C'est complètement abstrait et si concret en même temps. De quoi es-tu le plus fière? D'avoir suivi mon instinct. D'avoir réuni cette belle et folle équipe-là. D'avoir gardé ma tête de cochon malgré les obstacles quant à la faisabilité de la production de CAKE, même si parfois je me trouvais cinglée de continuer. D'y avoir cru, même si ce projet-là, sur papier, ne se peut pas d'un point de vue rationnel et n'entre dans aucune case. Quel est ton rapport à la critique? La critique est essentielle, l'art vivant étant éphémère. Ça reste une des preuves que l'œuvre a existé et de l'accueil qui lui a été réservé. La critique est à prendre avec un recul historique. Après, je trouve qu'aujourd'hui, on a perdu une part d'analyse au profit d'une promotion déguisée. La critique devrait pour moi avoir comme vocation première de positionner l'œuvre dans le paysage culturel. De quoi la danse a-t-elle besoin aujourd'hui? De ponts; à la fois entre les générations d'artistes, les individus qui les composent et leurs démarches, mais aussi entre ses différentes sphères et structures. La danse a besoin de solidarité. De courage et de fierté aussi. Parce qu'il faut continuer de défendre notre place dans le monde et éduquer les gens sur l'importance de la culture. Mais ça, on ne peut pas le faire en se regardant les pieds, tête baissée, chacun dans son coin. Je rêve d'un mouvement rassembleur où on cesse de protéger son patrimoine personnel au profit d'un plus grand bien commun, pour bâtir de nouvelles bases. Si on t'en donnait les moyens, quel fantasme de danse te paierais-tu? J'en ai plusieurs... Une masse de gens sur scène. 30 personnes au moins. Un centre d'artistes, un grand local bien fenêtré pour répéter, qui accueillerait des artistes locaux et internationaux. Qu'est-ce qui te motive à continuer à faire de l'art? L'urgence. D'agir sur le monde, de rencontrer l'autre à travers l'œuvre. L'art est l'une des rares manifestations de la libre-pensée, et ça, ça vaut très cher ces temps-ci. C'est encore le seul moyen que j'ai trouvé de vivre en paix avec l'absurdité du monde.
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Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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