
Car mon rêve impossible a pris corps et je l’ai
Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé
Voyageur qui de l’Homme évite les approches,
- Sonnez grelots; sonnez, clochettes, sonnez, cloches!
Le Bonheur a marché côte à côte avec moi;
Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve :
Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve,
Et le remords est dans l’amour : telle est la loi.
- Le Bonheur a marché côte à côte avec moi. »
-Paul Verlaine, « NEVERMORE »
L’extase de la naissance ne peut être soutenue indéfiniment. Toute nouvelle expérience, renouvelée jusqu’à ce que renouvellement ne soit que répétition, doit éventuellement se fondre dans la normalité comme tout autre chose, incluant le bonheur.
Avec PLOMB, la chorégraphe Virginie Brunelle s’entoure de neuf danseurs pour explorer le thème de l’inévitabilité du deuil; car même le plomb léger propulsé hors du fusil, ayant atteint sa proie en vol, doit retomber au sol. Gravité oblige.
Le sourire, aussi spontané soit-il, peut bien rayonner de positivité; tentez de le conserver et il devient une pose de yoga pour la face, le naturel devenant artificiel, un exercice d’endurance voué à l’échec. Par chance, les caméras s’éteindront éventuellement pour que l’animateur de jeu télévisé puisse redevenir humain.
Même les gestes amoureux se répètent jusqu’à monotonie. Le seul moyen de réanimer le couple, temporairement, est d’avoir recours au drame. Sex, breakup sex, breakup.
La gestuelle de Brunelle combinée à son exploration du couple hétérosexuel la pousse dans un carcan dépassé. Les hommes dominent physiquement, supportant les femmes-marionnettes. La seule possibilité pour les femmes d’être en contrôle est d’avoir recours à la séduction.
Toutefois, la chorégraphe ratisse plus large dans sa thématique cette fois-ci, signe de maturation. Une figure paternelle en mode quasi-Alzheimer trouve tellement de problèmes qu’il éprouve de la difficulté à terminer une seule phrase. Un bouquet de mariage peut se transformer en fleurs pour des funérailles; la femme aimée, en poussière. La table à souper qui nous rassemble dans le temps nous sépare à la fois dans l’espace. C’est sur ce fil tendu que l’œuvre de Brunelle repose.
18-20 septembre à 20h; 21 septembre à 16h
Agora de la danse
www.agoradanse.com
514.525.1500
Billets : 28$ / Étudiant, 30 ans et (-) : 20$