
Bien que Navas ait toujours joué avec les genres, avec sa nouvelle pièce de groupe Diptych, c’est surtout sur les hommes que le jeu se remarque. C’est que le chorégraphe donne le même style de mouvement à tous ses danseurs, un style qui pourrait être décrit comme plus féminin de part ses similarités avec celui épousé par les ballerines. Un style fluide, léger, même délicat.
À un certain moment, un homme et une femme soulève un de leurs confrères comme s’il était la prima ballerina. Même, vers la fin, un homme élevé sur le bout des orteils donne un coup de pied métaphorique dans la face de Nathalie Portman en se dandinant les bras comme si c’était lui le vrai black swan. C’est comme si Navas dépoussiérait enfin le ballet de ses conceptions antiques de genres.
En même temps, il délaisse aussi la théâtralité de celui-ci et conserve plutôt la pureté qu’on lui connaît. En fait, la scénographie de Diptych rappelle beaucoup Hora d’Ohad Naharin (vu à Danse Danse plus tôt cette année), même si contrairement à Hora la danse ici n’est pas po-mo pour deux sous.
Contrairement au ballet, toutefois, les bras se font ici très angulaires. Ils s’allongent jusqu’au bout des doigts, la paume ouverte et plate pour y éliminer toute rondeur. Cette dernière se trouve plutôt dans les tours exécutés dans les nombreux déplacements des dix danseurs.
Comme pour refléter la musique de Bach, le mouvement est très bavard, même agaçant. Malgré la richesse du propos, c’est ce qui fait qu’au final, Dyptich est la pièce de groupe de Navas dont on se délaisse le plus facilement depuis un bout.
Anecdote : à la sortie du spectacle, j’ai entendu un homme dire « s’habiller en femme, » comme si le sexe n’était qu’une question de vêtements! Comme quoi il y a encore beaucoup de travail à faire pour éclairer la question des genres; on peut donc remercier Navas de continuer la discussion.
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