Local Gestures
because the personal is cultural
Commençons par le commencement : le vestiaire. Si c’est obligatoire, ce doit être gratuit. Si c’est payant, ce doit être volontaire. Je pense qu’Emily Post serait d’accord. Maintenant, passons aux vraies choses. L’artiste Frédérick Gravel a commandé des numéros à ses consœurs et frères bien-aimés pour son Cabaret Gravel Cabaret, dont le titre révèle la formule. Plus d’une quinzaine d’artistes qu’on ne mentionnera malheureusement pas tous, pour avoir la chance de dire quelque chose. Comme on peut l’imaginer, le spectacle se balance entre bon et moins bon, alors focusons sur les quelques morceaux de viande. La chorégraphe Catherine Gaudet ouvre le spectacle côté danse avec un numéro interprété par sa fidèle collaboratrice Caroline Gravel. Gaudet utilise les restrictions de la formule pour créer une courte pièce toute simple, mais riche en idées. Gravel exécute un mouvement et demande « Qu’est-ce que ça te fait quand je fais ça? » De cette façon, Gaudet indique le site du sens en danse. Il s’agit peut-être d’un langage non verbal, mais indéniablement la danse fait quelque chose (elle fait rire, elle rend mal à l’aise, elle rend triste) et donc elle a un sens. C’est pour cette raison que lorsque Gravel termine sa série de mouvements en ajoutant « Ça te fait rien, hein? », elle peut le faire convaincue de l’ironie de cette dernière phrase. Les réactions vocales ou même silencieuses du public lui donnent raison. Le maître de cérémonie offre aussi l’une des pièces dont l’impact émotionnel est des plus accrus. Sur une musique de Pierre Lapointe, les interprètes Francis Ducharme et Jamie Wright se paient un slow dance. Tout bascule lorsque leurs corps se détachent. Ils essaient de se défaire de l’autre sans jamais complètement le vouloir, donc sans jamais le faire vraiment. À la limite de l’ensemble et du seul, ils demeurent connectés par le vide qui les sépare. Pour répondre à la question de Gaudet, ça fait mal. Ducharme se retrouve sur scène pour interpréter un court texte d’Étienne Lepage qui, un peu comme la pièce de Gaudet, a des tendances méta. Ducharme y joue le rôle d’un spectateur qui songe à voix haute sur les spectacles qui l’emmerdent malgré toutes ses bonnes intentions. Il n’en demande pourtant pas beaucoup, nous dit-il. Il demande juste une idée. Question d’exposer mes propres dispositions de critique, je profite de l’occasion pour dire que cette pensée est toute proche de la mienne. Toutefois, je demande que cette idée, quelle qu’elle soit, soit menée jusqu’au bout (d’elle-même). C’est pour cette raison que c’est des numéros de Gaudet et Gravel dont j’ai parlés. Sans vouloir gâcher des surprises, mentionnons tout de même quelques autres moments qui ont donné de la saveur à cette soirée : le baiser entre Ducharme et Normand Marcy; Ducharme enfermé dans une machine à toutous; le duo chanté homoamoureux, vulnérable, et assumé de Lapointe et Frédérick Gravel. C’est donc à voir ce que Gravel aura concocté dans un spectacle de son cru l’an prochain. Cabaret Gravel Cabaret 1-4 mai à 20h30 Lion d’Or www.lachapelle.org 514.843.7738 Billets : 28$ / Réduit : 23$
0 Comments
Leave a Reply. |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
All
|