Alors que je regardais le travail de la contorsionniste Andréane Leclerc hier soir, je pensais à la chorégraphe Sarah Dell’ava. L’intelligence se dégage des créations de ses deux artistes du mouvement, qui nous offrent non seulement un corps bougeant, mais un corps pensant. Y aurait-il un lien avec le fait que les deux ont complété une maîtrise à l’UQAM? |
Suit la pièce de résistance, Cherepaka, un solo interprété par Leclerc. Sous une lumière tamisée, c’est d’abord l’image qui règne (assoyez-vous loin de la scène) alors que son corps devient fracturé, inintelligible dans ses contorsions alors que le spectateur se trouve dans l’impossibilité de s’expliquer sa configuration. Même lorsque la lumière nous en révèle plus, le corps maintient sa reconfiguration, lorsque celui-ci semble être suspendu par ses propres pieds, par exemple.
Toutefois, le viscéral prend vite le dessus alors que Leclerc se démène, tel qu’on peut l’entendre dans ses gémissements paniquées. Le but de sa lutte demeure obscur pour le spectateur. Peut-être n’y en a-t-il même pas. Il est possible qu’il s’agisse tout simplement des effets causés par la transformation du corps dans son évolution perpétuelle et donc sans fin.
Qu’elle soit dos ou face au plancher, Leclerc se retrouve souvent à quatre pattes, la tête au sol, mais le bassin surélevé. Elle rejoint ainsi l’animal tout en évitant la comparaison avec nos plus proches cousins, ressemblant plutôt à une araignée ou à cette tortue à qui la pièce doit son titre. Elle finira le spectacle à la verticale, mais en laissant sa tête dissimulée derrière son dos, refusant la supposée finitude de l’humain et conservant l’étrangeté de ce corps que l’on dit nôtre.
21-24 octobre à 19h30
Théâtre ESPACE GO
www.tangente.qc.ca
514.845.4890
Billets : 23$ / Étudiants : 19$