
Henri Michaux : Mouvements
Chouinard et ses danseurs font une lecture littérale des dessins à l’encre de Chine des Mouvements de Michaux. Non. Impossible. Ils font une traduction littérale de ses dessins. Mot à mot. Dessin à danse. D’un médium à un autre. Tout ne peut être qu’interprétation.
Ce travail de traduction infuse la chorégraphie de positions, de mouvements inhabituels. Rien n’est, ne peut être littéral. Pour suivre ces instructions au pied de la lettre, il faut faire preuve d’imagination. C’est ça, la danse. À partir de contraintes, trouver des solutions créatives à travers le corps. Le corps est souvent perçu comme étant la prison de l’âme. La danse le nie. Elle lui donne sa liberté. Sans lui, rien. La prison, c’est le non-être; le non-corps.
Mais, oui, lecture il y a. Lecture dans le corps. La course effrénée, de gauche à droite, de haut en bas, pour suivre l’ordre des dessins sur la page. Le temps de tourner la page : la brève attente, l’anticipation. What next? Le désir de lire.
Gymnopédies
Chouinard sort les Gymnopédies d’Erik Satie des annonces de salon funéraire et les emmène dans le Jardin d’Éden. Début de cocons; naissance des danseurs, nus.
Des pointes, des jambes écartées, des genoux formants des angles de 90 degrés, un pont humain, une image rappelant bODY-rEMIX/les vARIATIONS gOLDBERG, autre œuvre de la chorégraphe.
Parade de séduction avec une certaine dose d’autodérision. Merci, nez de clown! Danse animale, rituel d’accouplement, ébats amoureux, d’abord très hétéro, très sexuel, comme c’est souvent le cas chez Chouinard.
La lumière comme fruit défendu : les danseurs sont vus, comme ils l’étaient déjà; ce qui change, c’est qu’ils voient qu’ils sont vus. La perte de l’innocence. Ils se cachent sous leurs couvertures. Retour au cocon. Renaissance qui demande qu’on renouvelle notre regard, qu’on se défasse de nos attitudes face à la nudité, au sexe, de notre fausse pudeur catholique.
Rideau.
Non.
Fausse fin. Série de fausses fins.
C’est drôle. Je me disais que les danseurs, qui ont dû apprendre à jouer les Gymnopédies au piano, doivent être écœurés de les entendre. C’est la version mélancolique de la chanson qui ne finit plus. Ce semble à propos que le spectacle ne finisse plus non plus.
31 octobre-2 novembre à 20h
Théâtre Maisonneuve
www.dansedanse.ca
514.842.2112 / 1.866.842.2112
Billets à partir de 34$