Local Gestures
because the personal is cultural
When the door opens, the action is already unfolding. On the other side of the door, the world is coated in a pinkish hue. A continuous loud high-pitched sound is oozing out. Through the spectators who have already found a seat, we see five dancers moving: Meryem Alaoui, Ellen Furey, Jolyane Langlois, Ann Trépanier, and Amanda Acorn, choreographer of multiform(s).
The audience is sitting on stands surrounding all four sides of the white stage, lending the performance the feel of a sporting event. Appropriately, the dancers are wearing sneakers. The rest of their outfits falls into a contemporary dance trend: nice bordering on fancy clothes that are joyfully mismatched. Whenever spectators are allowed to sit on multiple sides of the stage, I am always surprised to notice that the feeling of the proscenium stage remains. It reminds me that, despite the conventions of theatre, dance is truly three-dimensional and that it is only ever possible to see from one’s own perspective. Though the movement differs from one performer to another, it answers to the same constraints: their bodies are forever in motion and involved in repetitions. Back and forth, from one side to the other, like a pendulum. This swinging often leads the cylindrical body into rotations. They reminds us of mechanical toys that inevitably have a limited movement range, except that the dancers’ movement changes over time, ever so slightly, but undeniably. This rocking motion can at times induce motion sickness, an experience the spectators apparently share with the performers. It is an exercise of endurance for the dancers that is hypnotic for the audience. The performers converge to the middle of the stage, their movement becoming synchronous and picking up speed. Synchronicity focuses the gaze; dissimilarity diffuses it. Synchronicity feels light. It’s like forgetting yourself. Yet when one of the dancers falls out of it, it’s her we’d rather be. She’s the one who looks free. With its clear concept and perpetual motion, multiform(s) shares many similarities with Henderson/Castle: voyager by Ame Henderson. However, in voyager, dancers can’t repeat any movement so that the end result is less defined, more eclectic. In multiform(s), the repetitions appear to be an outlet, like in Julia Male’s solos. As in Guilherme Botelho’s Sideways Rain and the walking that takes up most of Olivier Dubois’s Tragédie, we also feel that this could go on forever, that in fact it has been. Different images emerge depending on the body parts that the movement brings into action. Front to back movement looks like prayer; sometimes one might even say like divine possession. Lunges inevitably remind one of the repetitions involved in exercise. And, though the arms never carve the infinity sign in the air, it is seen everywhere. One is even inclined to believe that the dancers might be immortal. June 5-7 at 9pm www.fta.ca 514.844.3822 Tickets: 30$ / 30 ans et moins: 25$
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1. Tragédie, Olivier Dubois (Danse Danse)
Avec son opus pour dix-huit danseurs nus, Dubois a abordé les grands thèmes (le passage du temps, la mortalité, la petitesse de la vie humaine, le rôle de l’art, l’humanité) en prenant son temps, en n’empruntant aucun raccourci facile, en laissant le sens émerger de lui-même. 2. Uncanny Valley Stuff, Dana Michel (Usine C) Avec Uncanny Valley Stuff, Michel a continué sa recherche entamée avec Yellow Towel, spectacle qui figure dans le top dix du magazine new-yorkais Time Out et pour lequel le prestigieux festival ImPulsTanz a créé un prix spécialement pour elle. Sa nouvelle courte pièce est toute aussi incisive mais encore plus drôle. En empilant les clichés sur les Noirs jusqu’à ce qu’ils s’entremêlent et se contredisent, Michel démontre l’absurdité de ces stéréotypes qui nous présentent une vision déformée du monde. 3. Antigone Sr.: Twenty Looks or Paris Is Burning at the Judson Church (L), Trajal Harrell (Festival TransAmériques) Antigone Sr. a probablement été le spectacle de danse qui a créé le plus de divisions cette année. On pourrait diviser le public en trois : ceux qui ont quitté la salle, ceux qui sont restés assis les bras croisés, et ceux qui se sont levés pour danser. Il n’est donc pas surprenant que le spectacle se retrouve dans mon palmarès. Il faut dire que je suis queer et que j’ai une affinité pour la danse post-moderne, ce qui me donne une double porte d’entrée sur le sujet. Pour ceux qui n’ont pas eu l’endurance nécessaire pour passer à travers ce défilé de mode DIY de deux heures, il serait bon de noter que les plus grands bals qui ont inspiré la pièce pouvaient durer jusqu’à dix heures de temps; comptez-vous chanceux! Peut-être comprenez-vous maintenant un peu mieux ce que c’est que de se sentir aliéné par la culture dominante. 4. Monsters, Angels and Aliens Are Not a Substitute for Spirituality…, Andrew Tay (OFFTA) Pour être honnête, lorsque j’ai vu la nouvelle pièce de Tay, qui vire de plus en plus dans le performance art, je me suis demandé si j’étais en train de regarder un artiste perdre la tête sur scène ou si Tay était en contrôle de son art. J’étais évidemment assez intrigué pour découvrir la réponse avec Summoning Aesthetics qu’il a ensuite présenté avec François Lalumière au Festival Phénomena. Conclusion : Tay continue dans la même veine ritualiste, sachant clairement dans quelle direction il va même s’il ne connaît pas nécessairement sa destination. J’ai admiré qu’il ait pris la décision de terminer Monsters sur une note différente de ce qu’il avait prévu pendant la représentation même. La misogynie latente qui avait l’habitude d’hanter ses pièces est disparue. Ce qui demeure est son ludisme, son humour et son ouverture aux expériences, peu importe ce qu’elles s’avèrent être. Si je me souviens bien, un spectateur avait qualifié Summoning Aesthetics « d’honnêteté perverse. » Cela me semble aussi approprié. 5. Built to Last, Meg Stuart (Festival TransAmériques) Avec Built to Last, Stuart (qui a reçu le Grand Prix de la Danse de Montréal) a abordé des thèmes similaires à ceux de Tragédie d’Olivier Dubois, mais de façon beaucoup plus théâtrale. En juxtaposant un immense mobile de notre système solaire avec une maquette d’un tyrannosaure et la danse contemporaine avec la musique classique, Stuart a démontré l’insignifiance des actions humaines et que notre seule rédemption possible se trouve dans l’art. 6. Florilège, Margie Gillis (Agora de la danse) Pour célébrer ses quarante ans de carrière, Gillis nous a offert cinq pièces de son répertoire revisitant les années 1978 à 1997. Par le fait même, elle nous a rappelé pourquoi elle est devenue une danseuse de telle renommée. L’intangible se manifeste à travers son corps, soulignant la fragilité de l’humain dans un univers chaotique. 7. Mange-moi, Andréane Leclerc (Tangente) Leclerc a utilisé la contorsion et la nudité pour aborder les relations de pouvoir entre les individus lorsque notre survie dépend des autres. Qu’elle puisse s’attaquer à de telles questions tout en offrant une des pièces les plus sensorielles de l’année démontre l’intelligence de son travail. 8. Tête-à-Tête, Stéphane Gladyszewski (Agora de la danse) Ma réaction à ma sortie de cette pièce de quinze minutes pour un seul spectateur à la fois : on doit donner à Gladyszewski tout l’argent dont il a besoin pour réaliser ses projets. Aucun autre chorégraphe n’arrive à intégrer la technologie avec autant d’adresse. Tête-à-Tête était à la fois intime, inquiétant et magique. 9. The Nutcracker, Maria Kefirova (Tangente) L’excentrique Kefirova a troqué l’écran vidéo pour des haut-parleurs et a démontré qu’elle maîtrise le son avec autant de flair que l’image. « Elle n’utilise pas le son pour meubler le silence comme le fond maints spectacles, mais pour matérialiser l’invisible, » disais-je. Difficile d’oublier la satisfaction ressentie lors de l’exutoire du tableau final, où Kefirova s’acharne à faire éclater des noix de Grenoble en morceaux en se servant de ses chaussures à talons hauts comme casse-noisette. 10. Junkyard/Paradis remix, Catherine Vidal (Usine C) J’espère avoir assez établi le fait que je suis un fan fini de Mélanie Demers pour pouvoir dire ceci (qui, je crois, n’est pas l’opinion populaire) : Junkyard/Paradis est probablement sa pièce que j’aime le moins. Lors de l’événement MAYDAY remix, où la chorégraphe a laissé des artistes remixer son travail, la metteure en scène Catherine Vidal a donné au spectacle la structure dramatique qu’il méritait avec une fin des plus jubilatoires. 11. loveloss, Michael Trent (Agora de la danse) Extrait de ma critique : « Trent n’a toujours pas peur de prendre le temps qu’il faut. De plus, il évite ici l’humour, le théâtral et le mouvement séducteur (athlétique, rapide, synchronisé), toutes ces astuces que des chorégraphes moins confiants utilisent pour que leur dance soit plus accessible. L’interprétation est sentie sans être affectée. loveloss est une œuvre touchante … » 12. Milieu de nulle part, Jean-Sébastien Lourdais (Agora de la danse) Pour la performance de l’année, celle de Sophie Corriveau, qui s’est méritée la toute première résidence de création pour interprètes offerte par l’Agora de la danse. Notons que le diffuseur s’est démarqué avec une programmation solide pour une deuxième année consécutive. Un carré lumineux. Trois immenses sabliers suspendus au plafond d’où s’écoulent les grains jusqu’à nos pieds. Ils ne couleront pas indéfiniment. Après nous avoir surpris en 2010 avec It’s about time: 60 dances in 60 minutes, un spectacle aussi conceptuel que ludique, le chorégraphe torontois Michael Trent nous emmène dans une nouvelle direction avec loveloss. L’interprète Simon Portigal entre seul en scène avec ces trois collines de sable qui grossissent tranquillement autour de lui. Ce sont ses bras qui guident le reste de son corps, mais eux-mêmes ne semblent trop sûrs où aller. Ils y vont au feeling, mais avec de plus en plus de certitude. Ellen Furey se joint à Portigal. Elle porte un pendentif. C’est un détail mineur, mais obsédant. Pour des raisons évidentes, les danseurs n’ont pas l’habitude de porter des bijoux sur scène. Ce rien imprègne une histoire dans son corps. Que signifie-t-il pour elle? Robert Abubo approche le plancher à son tour. Le carré blanc qui recouvre celui-ci n’est que du papier qui plisse sous le poids des danseurs. La rupture semble inévitable et pourtant c’est réconfortant. Le papier est fragile. Il est supposé se fracturer. C’est dans l’ordre des choses. À l’arrivée d’Amanda Acorn, on remarque que chaque interprète épouse la gestuelle de leurs partenaires lors de leur entrée sur scène. Par ce procédé d’imitation, ils semblent essayer le mouvement, comme s’ils pouvaient ainsi possiblement comprendre celui de qui il origine. Peut-être que celui qui était là avant a trouvé la solution aux problèmes que rencontrent ceux qui suivent. Benjamin Kamino complète le groupe. Après avoir enterré Portigal sous le sable, tous les danseurs explorent l’espace les yeux fermés, ce qui rappelle une scène du documentaire Encounters at the End of the World de Werner Herzog : des hommes vivant en Arctique qui tentent de trouver l’un des leurs en portant des lunettes noires pour simuler l’aveuglement qu’ils devraient confronter lors de poudrerie. La nécessité d’apprivoiser la noirceur avant qu’elle se manifeste pour pouvoir mieux la naviguer. L’une des rares qualités que loveloss partage avec It’s about time est que Trent n'a toujours pas peur de prendre le temps qu'il faut. De plus, il évite ici l’humour, le théâtral et le mouvement séducteur (athlétique, rapide, synchronisé), toutes ces astuces que des chorégraphes moins confiants utilisent pour que leur danse soit plus accessible. L’interprétation est sentie sans être affectée. loveloss est une œuvre touchante, le premier vrai bon spectacle de danse présenté à Montréal cette année. 12-14 février à 20h Agora de la danse www.agoradanse.com 514.525.1500 Billets : 28$ / Étudiants ou 30 ans et moins : 20$ As my years as a dance critic pile on, it’s probably to be expected that I see more and more works I’ve already seen. This year, I can think of at least five off the top of my head. The one that most stood up to a repeat viewing was Matija Ferlin and Ame Henderson’s The Most Together We’ve Ever Been. I took the bus to Ottawa to see it just as a snowstorm was hitting the city. The ride ended up taking four hours. I barely had enough time to shove some of the worst food I’ve ever had in my mouth before running over to Arts Court, an old courthouse that has been turned into a beautiful art space. And, as soon as the show started, I knew it was all worth it. Back in Montreal, Israeli choreographer Sharon Eyal made a much-anticipated return after six years with Corps de Walk, a show she created with her partner Gai Behar. The uniformity she imposed on the twelve dancers of Norway’s Carte Blanche was oppressive and disturbing. It was its own indictment of homogeneity. At the Biennale de gigue contemporaine, the always reliable Nancy Gloutnez stood out yet again. With Les Mioles, she borrowed from classical music and became a conductor, turned her dancers’ feet into instruments, and composed a score reminiscent of Steve Reich in its obsessive build-up. After years of being one of the most rigorous emerging choreographers in Montreal, Sasha Kleinplatz has now fully emerged with Chorus II. The audience stood above six male dancers who swayed between demonstrations of physical strength and chill-inducing vulnerability. It is now up to venue artistic directors everywhere to shine on Kleinplatz the spotlight she so clearly deserves. Speaking of which, 2013 was the year of Agora de la danse. They probably had their best programming since I started following dance. It all began with Karine Denault’s Pleasure Dome, in which musicians and dancers explored pleasure without ever lazily resorting to shortcuts. Rather, she allowed the meaning of the work to emerge on its own and for Pleasure Dome to impose itself by the same token. It was followed by When We Were Old, a duo by Québec’s Emmanuel Jouthe and Italy’s Chiara Frigo (presented in collaboration with Tangente). The choreographer-dancers managed to bypass every single contemporary dance cliché that usually occurs as soon as a man and woman are onstage. In each and every moment, their encounter felt fresh and sincere. Agora ended the year with Prismes by Benoît Lachambre, who a month later would win the Montreal Dance Prize. Created for Montréal Danse, Prismes explored the effect of light on perception in a chromatic environment, as well as the fluidity of gender. Lighting designer Lucie Bazzo outdid herself for this highly experiential work. At the Festival TransAmériques, it was French choreographer Boris Charmatz who stood out with Levée des conflits, an opus of twenty-five movements repeated as a canon by twenty-four dancers. From the simplicity of the choreography to the high number of performers, Levée des conflits impressively hovered between minimalism and excess. I spent the summer in Iceland, where my trip ended with the Reykjavík Dance Festival. There, Norway’s Sissel M Bjørkli presented one of the most singular shows I’ve ever seen with Codename: Sailor V. It took place in a tiny space, barely big enough to seat fifteen. The smoke that filled the room along with Elisabeth Kjeldahl Nilsson and Evelina Dembacke’s intensely saturated coloured lighting blurred the edges of everything. Inspired by anime, Bjørkli created an alter ego for herself and through imaginative play managed to turn an office chair into a spaceship. That shit was magical. So was Nothing’s for Something by Belgium’s Heine Avdal and Yukiko Shinozaki, which opened with a ballet for six curtains, each suspended by six huge helium-filled balloons. Set to classical music, it was reminiscent of Disney’s Fantasia. For its finale, eight such balloons were left to float around the room while emitting breathing sounds, appearing like disembodied alien visitors. Soon after my return to Montreal, Marie Chouinard presented Henri Michaux : Mouvements. The genesis of this work, when Carol Prieur first incarnated the drawings of Henri Michaux back in 2005, is the reason why I’m a dance critic today. Seeing the twelve dancers of Chouinard’s company lend themselves to the exercise was just as riveting eight years later. By translating drawings into movement, Chouinard demonstrated the power of dance to think the body creatively. Usine C ended the year on a high note with their program from the Netherlands, most especially Ann Van den Broek’s feminist work for three female dancers, Co(te)lette. The show was powerful in its exposition of women’s bodies as a site of tension, torn between being objects of desire and embodied subjects. We can only hope that there will be more works like it in 2014. |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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