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because the personal is cultural
Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le neuvième
de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs Courrez Courrez vers moi Courrez vers moi même si Vous n’arriverez jamais À me rejoindre Je n’ai besoin Que du battement De vos pas Aujourd’hui je meurs Et tout ce que je voudrai En ordre : Respirer, Manger, Dormir; Et puisque quand je dormirai Je ne voudrai plus Manger ou respirer : Dormir, Dormir, Dormir. Aujourd’hui je meurs Avec votre corps Dans ma tête Et comme tout est là Je n’aurai plus besoin De vie Aujourd’hui je meurs Don’t hold back Do not hold back Aujourd’hui je meurs Donnez-moi tout Donnez-moi trop Rien ne sera perdu Je déborderai Tout vous reviendra
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Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le huitième
de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs Et si mes mains Contre votre poitrine Vous propulsent Vers le sol Ce n’est que je désire Ressentir Votre poing contre mon cœur Soudez-vous à mon cœur De votre peau De votre chair De votre sang Tuez-moi Mais faites-le De vos propres mains De sorte que je meurs Dans le toucher Aujourd’hui je meurs Si alors vous voudrez Me couvrir De votre sperme, faites-le Il sera trop tard Aujourd’hui je meurs De votre petit doigt Avez-vous déjà tenu Le petit doigt d’un autre? Ce n’est que cette différence Que je demande Aujourd’hui je meurs Pour ma dernière communion Éliminez toutes les distances Allongez-vous sur mon corps Les uns après les autres Jusqu’à ce que mon corps De lui-même s’enfonce dans la terre Aujourd’hui je meurs J’avais tort J’aurais dû vous laisser Me faire mal tout autant Que je vous fasse mal Aussi Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le septième
de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs J’aurais voulu Vous laisser plus Vous laisser mieux Et puis tout ça N’est qu’égoïsme Je vous laisse Shakespeare Vonnegut Montgomery Poulin Aujourd’hui je meurs Pour mon dernier repas : Un bon café Un bon livre De la bonne musique Aujourd’hui je meurs Tenez-moi La main – la mémoire Est courte – je n’aurai Besoin que d’une Seconde pour oublier Que ce ne fût pas Toujours ainsi Aujourd’hui je meurs Après avoir été Rempli de mots, de sorte Que je ne meurs pas seul Quelqu’un Quelque part Sans le savoir Était avec moi Aujourd’hui je meurs Respire C’est comme tout Le reste Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le sixième de
douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs J’ai assez eu J’ai assez vu J’ai tout ressenti Et pourtant Encore Aujourd’hui je meurs Si je l’accepte, Je suis heureux; Si je ne l’accepte pas, Je suis heureux Aujourd’hui je meurs Et il n’y aura personne Pour m’attendre Et même s’il n’y a rien je veux Penser que quelqu’un m’attend Et puis peu importe Je finirai Comme j’ai commencé Je vous attendrai, moi Surtout vous, les inconnus Aujourd’hui je meurs Éclaircissez-moi La tête; je désire Tout ressentir Comme Rien On ne peut exister Que dans l’immobilité Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le cinquième
de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs Et vous n’aurez jamais Su comment je vous ai Aimés Aujourd’hui je meurs Attendez Ne me tuez pas Encore Il y a encore de la place Pour changer Aujourd’hui je meurs Je pourrais Me faire à l’idée Mais je devrais prétendre Que la vie est toujours Ainsi Aujourd’hui je meurs Un réveil Une photo Un livre (Oscar Wilde) Une peinture (Kent Monkman) Un cahier Moleskine Un café Un sourire Un « have a good day » à Un bel homme Aujourd’hui je meurs And let it be known That I had everything I ever wanted And it was exactly the same As having none of it Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le quatrième
de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs Encore un peu D’amour Aujourd’hui je meurs En demandant Mon dernier repas Tuez-moi Le ventre plein Tuez-moi Le cœur plein Aujourd’hui je meurs Plus rien À dire Aujourd’hui je meurs On pourrait Faire pire Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le troisième
de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs Et rien Notre mort est Comme notre vie Aujourd’hui je meurs Non Pas dans le rien Je veux mourir Avec une chose Dans la main Aujourd’hui je meurs Avec un seul point Dans le cœur Un point final Qui n’est pas précédé De tous les mots Que j’avais besoin De dire Et il y en avait si peu Aujourd’hui je meurs Alors je me raconte Une histoire. Je me raconte Que l’amour Existe. Non pas À l’extérieur De moi, Non pas Qu’il me survivra; Je l’emporte Avec moi. Je le tiendrai Dans mes mains Jusqu’à la dernière seconde. Vous devrez l’enterrer Avec moi. Vous devrez en faire Votre deuil. C’était à vous de mourir Avec moi. Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le deuxième
de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs Non, J’ai bu trop de café Je ne peux Me mettre dans la mort Pour que la transition Soit douce Je ne veux pas Que ma mort soit un arrêt Je veux arrêter Avant de mourir Je veux mourir avant De mourir pour pouvoir Mieux mourir Je veux parfaire la mort Je veux être son expert Je veux être Le meilleur mort Alors laissez-moi Une journée de plus Pour mieux apprendre À mourir Aujourd’hui je meurs C’est l’automne Ce serait quand même beau Aujourd’hui je meurs Enfin Plus d’excuses Plus de regrets En acceptant la mort C’est aussi la vie que J’accepte Aujourd’hui je meurs Et il y a une paix À n’avoir jamais eu Comme si l’acharnement du destin Pouvait être assimilé Pouvait devenir courage Pouvait me transformer En toute la force De deux petits mots : même si die daily.
hourly, if you’ve got the energy. Sherwin Tjia, The World Is a Heartbreaker Au cours d’un an, je suis mort cinquante-deux fois. Ce qui suit est le premier de douze échantillons des traces écrites laissées par ces cinquante-deux morts. Aujourd’hui je meurs Pas assez Jamais assez Mains l’infinité Serait trop Il me faudrait L’infini moins un Je veux faire Le bien sans Dieu, Sauf pour ce qu’il Est : La mémoire collective Je veux Le papier Comme souvenir Aujourd’hui je meurs Dans la préparation De ne jamais mourir Dans la dépendance (Ce n’est que dans la mort Que je n’ai plus besoin De vous) Je voudrais Mourir en vie Mon fantôme ne vous Visiterait pas, ne Vous parlerait pas, Ne vous posséderait pas Il nourrirait Les fleurs. Il ferait tout Pour que vous le voyiez Sans jamais le savoir Aujourd’hui je meurs En voulant Tout le contraire Je veux être Ailleurs Je veux être Avant Ou après Je veux être Autre Mais partout est ici Toujours maintenant Sans moi, inexistant Aujourd’hui je meurs Pourquoi pas? C’est un jour comme un autre The Transcendentalist (1842) + The Poet (1844), Ralph Waldo Emerson Be it so: I can sit in a corner and perish (as you call it), but I will not move until I have the highest command. If no call should come for years, for centuries, then I know that the want of the Universe is the attestation of faith by my abstinence. Your virtuous projects, so called, do not cheer me. I know that which shall come will cheer me. If I cannot work, at least I need not lie. All that is clearly due to-day is not to lie. In other places other men have encountered sharp trials, and have behaved themselves well. The martyrs were sawn asunder, or hung alive on meat-hooks. Cannot we screw our courage to patience and truth, and without complaint, or even with good-humor, await our turn of action in the Infinite Counsels? A Room of One’s Own (1929), Virginia Woolf Suppose, for instance, that men were only represented in literature as the lovers of women, and were never the friends of men, soldiers, thinkers, dreamers; how few parts in the plays of Shakespeare could be allotted to them; how literature would suffer! We might perhaps have most of Othello; and a good deal of Antony; but no Caesar, no Brutus, no Hamlet, no Lear, no Jaques--literature would be incredibly impoverished, as indeed literature is impoverished beyond our counting by the doors that have been shut upon women. Un certain sourire (1955), Françoise Sagan Je me souviens qu'à un moment, m'étend appuyée à la machine, j'avais regardé le disque se lever, lentement, pour aller se poser de biais contre le saphir, presque tendrement, comme une joue. Et, je ne sais pourquoi, j'avais été envahie d'un violent sentiment de bonheur; de l'intuition physique, débordante, que j'allais mourir un jour, qu'il n'y aurait plus ma main sur ce rebord de chrome, ni ce soleil dans mes yeux. Howl and Other Poems (1956), Allen Ginsberg The weight of the world is love. Under the burden of solitude, under the burden of dissatisfaction the weight, the weight we carry is love. Who can deny? In dreams it touches the body, in thought constructs a miracle, in imagination anguishes till born in human - looks out of the heart burning with purity - for the burden of life is love, but we carry the weight wearily, and so must rest in the arms of love at last, must rest in the arms of love. No rest without love, no sleep without dreams of love - be mad or chill obsessed with angels or machines, the final wish is love - cannot be bitter, cannot deny, cannot withhold if denied: the weight is too heavy - must give for no return as thought is given in solitude in all the excellence of its excess. The warm bodies shine together in the darkness, the hand moves to the center of the flesh, the skin trembles in happiness and the soul comes joyful to the eye - yes, yes, that's what I wanted, I always wanted, I always wanted, to return to the body where I was born. Les nourritures terrestres suivi de Les nouvelles nourritures (1969), André Gide Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu’un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, -- aussi bien écrit que toi, ne l’écris pas. Ne t’attache en toi qu’à ce que tu sens qui n’est nulle part ailleurs qu’en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah ! le plus irremplaçable des êtres. La chambre claire : Note sur la photographie (1980), Roland Barthes Elle morte, je n'avais plus aucune raison de m'accorder à la marche du Vivant supérieur (l'espèce). Ma particularité ne pourrait jamais plus s'universaliser (sinon, utopiquement, par l'écriture, dont le projet, dès lors, devait devenir l'unique but de ma vie). Métaphysique des tubes (2000), Amélie Nothomb Il existe depuis très longtemps une immense secte d'imbéciles qui opposent sensualité et intelligence. C'est un cercle vicieux : ils se privent de volupté pour exalter leurs capacités intellectuelles, ce qui a pour résultat de les appauvrir. Ils deviennent de plus en plus stupides, ce qui les conforte dans leur conviction d'être brillants - car on n'a rien inventé de mieux que la bêtise pour se croire intelligent. La délectation rend humble et admiratif envers ce qui l'a rendue possible, le plaisir éveille l'esprit et le pousse tant à la virtuosité qu'à la profondeur. C'est une si puissante magie qu'à défaut de volupté, l'idée de volupté suffit. Du moment qu'existe cette notion, l'être est sauvé. Mais la frigidité triomphante se condamne à la célébration de son propre néant. On rencontre dans les salons des gens qui se vantent haut et fort de s'être privés de tel ou tel délice pendant vingt-cinq ans. On rencontre aussi de superbes idiots qui se glorifient de ne jamais écouter de musique, de ne jamais ouvrir un livre ou de ne jamais aller au cinéma. Il y a aussi ceux qui espèrent susciter l'admiration par leur chasteté absolue. Il faut bien qu'ils en tirent vanité : c'est le seul contentement qu'ils auront dans leur vie. If Not, Winter: Fragments of Sappho (2002), translated by Anne Carson someone will remember us I say even in another time The Complete Maus (2003), Art Spiegelman Rien de grave (2004), Justine Lévy
Adrien m’a quittée pour une autre. Adrien ne reviendra pas. C’est ça, être adulte. Être adulte, c’est être remplacée. Dance (2011), edited by André Lepecki In her book Unmarked, Phelan proposed that performance lingers as a virtual form, a memory. Rather than subject itself to the reproduction of its image, it returns only as the persistence of its trace. Interviews (2014), Laura Broadbent I have always kept ducks – and the colour of their plumage, in particular the dark green and snow white, seemed to me the only possible answer to the questions that are on my mind. |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. Archives
October 2023
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