Local Gestures
because the personal is cultural
![]() Marche, marche dans cette parade infinie de corps vers la mort. Derrière le rideau, des corps obscurcis attendent de se matérialiser pour eux aussi marcher comme ceux qui sont venus avant eux, comme ceux qui viendront après eux, pour ajouter leur maillon dans la chaîne humaine qui progressivement, relativement, deviendra de plus en plus minime, rapetissera jusqu’à n’en devenir qu’un point indéchiffrable, avant qu’ils ne retournent d’où ils viennent, dans un autre monde, dans l’au-delà. Cette marche qui ne peut dévier de la ligne chronologique, cette marche dont l’accumulation incessante du temps efface la signifiance de toute action humaine. Cette marche au rythme du battement incessant du tambour, du temps qui n’arrête pour personne. Cette marche qui ne se résume que par elle-même. La Tragédie d’Olivier Dubois, c’est peut-être ce défilé de dix-huit corps nus, microcosme humain, vers l’inévitable mort. Ou c’est peut-être autre chose… Pour un instant, la marche se ralentie, comme si on la plaçait sous une loupe. Ce moment n’est pas plus signifiant que n’importe quel autre. Il est tout comme celui qui vient avant ou après. La poète Edith Sitwell a dit que la poésie est la déification de la réalité. N’importe quel moment pourrait être ralenti, être déifié, être poésie. Les acteurs de ce choeur épousent des poses statuesques. Par le fait même, ils dessinent leur vie, la colorent, l’écrivent. La tragédie est peut-être plutôt la mythologie que l’humain crée pour être moins animal, pour être plus divin : pour que sa vie excède sa propre durée. Le Christ est mort; longue vie au Christ! Des mouvements individuels commencent à émaner des corps, les propulsent hors de leur rang. L’espace doit maintenant être navigué pour éviter les collisions avec les autres. On ne peut parler de liberté. Les mouvements ne semblent pas consciemment choisis autant qu’ils semblent naturellement se manifester par ce qui fait de chacun un individu au-delà de son contrôle. On ne crée pas le destin; on le réalise. Au coeur de ces convulsions, des mouvements synchronisés apparaissent, la collectivité donnant par moments à l’individu quelque chose d’un peu plus grand que lui. La déification par le nombre, par l’amplification, par la volonté : le désir même de la déification. Une lumière stroboscopique fragmente l’action en images partielles. Nous ne percevons que des fragments du tout. Comme toujours, chaînon que nous sommes. 1-3 mai à 20h Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts www.dansedanse.ca 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Billets : 34$ + taxes
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![]() Je suis critique de danse parce qu’il y a huit ans j’ai eu la chance de voir Carol Prieur incarner les dessins d’Henri Michaux. Aujourd’hui, ce sont les douze danseurs de la Compagnie Marie Chouinard qui se prêtent à l’exercice. Malgré les centaines de spectacles de danse que j’ai vus entre ces deux moments, l’effet demeure saisissant. Tentative d’explication. Henri Michaux : Mouvements Chouinard et ses danseurs font une lecture littérale des dessins à l’encre de Chine des Mouvements de Michaux. Non. Impossible. Ils font une traduction littérale de ses dessins. Mot à mot. Dessin à danse. D’un médium à un autre. Tout ne peut être qu’interprétation. Ce travail de traduction infuse la chorégraphie de positions, de mouvements inhabituels. Rien n’est, ne peut être littéral. Pour suivre ces instructions au pied de la lettre, il faut faire preuve d’imagination. C’est ça, la danse. À partir de contraintes, trouver des solutions créatives à travers le corps. Le corps est souvent perçu comme étant la prison de l’âme. La danse le nie. Elle lui donne sa liberté. Sans lui, rien. La prison, c’est le non-être; le non-corps. Mais, oui, lecture il y a. Lecture dans le corps. La course effrénée, de gauche à droite, de haut en bas, pour suivre l’ordre des dessins sur la page. Le temps de tourner la page : la brève attente, l’anticipation. What next? Le désir de lire. Gymnopédies Chouinard sort les Gymnopédies d’Erik Satie des annonces de salon funéraire et les emmène dans le Jardin d’Éden. Début de cocons; naissance des danseurs, nus. Des pointes, des jambes écartées, des genoux formants des angles de 90 degrés, un pont humain, une image rappelant bODY-rEMIX/les vARIATIONS gOLDBERG, autre œuvre de la chorégraphe. Parade de séduction avec une certaine dose d’autodérision. Merci, nez de clown! Danse animale, rituel d’accouplement, ébats amoureux, d’abord très hétéro, très sexuel, comme c’est souvent le cas chez Chouinard. La lumière comme fruit défendu : les danseurs sont vus, comme ils l’étaient déjà; ce qui change, c’est qu’ils voient qu’ils sont vus. La perte de l’innocence. Ils se cachent sous leurs couvertures. Retour au cocon. Renaissance qui demande qu’on renouvelle notre regard, qu’on se défasse de nos attitudes face à la nudité, au sexe, de notre fausse pudeur catholique. Rideau. Non. Fausse fin. Série de fausses fins. C’est drôle. Je me disais que les danseurs, qui ont dû apprendre à jouer les Gymnopédies au piano, doivent être écœurés de les entendre. C’est la version mélancolique de la chanson qui ne finit plus. Ce semble à propos que le spectacle ne finisse plus non plus. 31 octobre-2 novembre à 20h Théâtre Maisonneuve www.dansedanse.ca 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Billets à partir de 34$ ![]() « Malgré les apparences, tout est relié, » la chorégraphe Maguy Marin semble vouloir dire avec ce fil à peine visible que les sept interprètes de Salves s’acharnent à dérouler en début de pièce. C’est un monde fragmenté qu’elle nous présente en une série de courts tableaux se balançant entre l’impressionnisme et l’expressionisme. En 2011, le jeune chorégraphe montréalais Patrick Lloyd Brennan avait présenté The New Bourjoiesie, une œuvre théâtrale qui se voulait un portrait satirique d’une génération éduquée mais incapable d’accomplir quoi que ce soit. Avec Salves (créé en 2010), Marin offre un univers similaire, sans toutefois cibler une génération en particulier. C’est plutôt le vingtième siècle au grand complet qui y passe. Une pièce aux murs noirs nous plonge dans un huis clos. À peine éclairé, cet espace semble hanté par ses propres souvenirs qui déferlent en une série d’images. La bande sonore accentue l’effet, utilisant des bandes magnétiques qui nous ancrent dans le passé avec la statique et les voix qui s’entremêlent. Dans la mémoire, la chronologie n’existe plus et tous les moments peuvent se côtoyer. Le fil invisible retourne en boule. On pourrait aussi penser à L’Ange exterminateur de Luis Buñuel, bien que Marin ne s’attaque pas aussi précisément à une classe sociale. Avec Buñuel, c’était la bourgeoisie qui écopait. Ici, c’est tous ceux qui tentent désespérément d’ignorer la misère du monde pour pouvoir s’enfermer dans leur confort. Marin fait appelle à plusieurs icônes, incluant celle-ci : See nothing. Hear nothing. Say nothing. Mais, comme tout est relié, on ne peut y échapper. La réalité nous rattrape sans cesse. Même dans la tentative de confort, la faille s’incruste. Tout semble compliqué sans bonne raison. On dépense de l’énergie dans un travail à la chaîne alors qu’une seule personne y serait sûrement plus efficace. Tout est fait à la course. Inévitablement, une assiette glisse des mains et éclatent en morceaux. Les tableaux ne veulent pas demeurer suspendus au mur, comme si un malin fantôme s’amusait à défaire tout ce que les habitants de cette demeure tentaient d’accomplir. Rien ne semble fonctionner. Tous les efforts sont frustrés. Le travail n’offre pas de résultats. On est dans l’insatisfaction. Le monde extérieur s’impose lorsque, dans cet univers cohésif, un homme en blackface émerge et doit bousculer les habitants pour se faire une place sur un long banc. C’est à ce moment que Salves prend son ampleur politique. Refuser de sacrifier son propre confort pour faire une place à l’autre. Plus tard, c’est un soldat qui débarque et qui vient chambouler la maisonnée. La guerre est toujours heureusement ailleurs jusqu’à temps qu’elle ne le soit plus. Dans une scène mémorable de The New Bourjoiesie, deux personnages tentaient de préparer leur appartement pour un party en chamboulant tous les objets qui se trouvaient sur une table. Dans Salves, on prépare maintes fois des tables pour des banquets qui n’arrivent jamais. Encore une fois, on pourrait penser à Buñuel et son film Le Charme discret de la bourgeoisie. À partir de ces fragments, la maison semble vouloir composer une mémoire collective, tout comme ses habitants qui veulent rapiécer les pots cassés, sans jamais vraiment y parvenir. Comme on s’y attend de la part de Marin, Salves est une œuvre exigeante, mais dont l’univers est si bien défini qu’il finit par s’imposer. 26-28 septembre à 20h Théâtre Maisonneuve www.dansedanse.net 514.842.2112 Billets à partir de 29.50$ ![]() Salves, Maguy Marin (Danse Danse) Septembre 26-28 Because last time Marin was in town, it was back in 2007 with Umwelt, which still holds as one of the best shows performed in Montreal this past decade. Prismes, Benoît Lachambre (L’Agora de la danse) October 16-19 Because Lachambre made quite the comeback last year with Snakeskins, his best show in years. Henri Michaux: Mouvements + Gymnopédies, Marie Chouinard (Danse Danse) October 31-November 2 Because Chouinard’s last show, LE NOMBRE D’OR (LIVE), is the one that has had the biggest impact on me since performer Carole Prieur first translated Henri Michaux’s drawings into dance back in 2005. We can only imagine what it will be like when all the dancers of the company will follow in her footsteps. Cuire Le Pain De Nos Corps, Sarah Dell’ava (Tangente) November 21-24 Because Dell’ava is probably the most intelligent mover in Montreal. LA VALEUR DES CHOSES, Jacques Poulin-Denis (Lachapelle) January 21-25 Because Poulin-Denis manages to expose the absurdity of human life while remaining funny and touching. The Nutcracker, Maria Kefirova (Tangente) January 30-February 2 Because Kefirova is one of the few choreographers in Montreal who knows how to deal with video in live performance. The adaptation project, Michael Trent (L’Agora de la danse) February 12-14 Because the last time Trent was in Montreal, he surprised everyone by being as conceptual as he was playful. Reviens Vers Moi Le Ventre En Premier, Annie Gagnon (Tangente) February 27-March 2 Because she’s one of the few choreographers in Montreal who’s not afraid to be serious. Mayday remix, Mélanie Demers (Usine C) March 12-14 Because, with just a few works, Demers has managed to establish herself as one of the most consistently good dancemakers in Montreal and it will be a treat to see her revisit her past works before moving on to the next artistic stage in her career. Mange-Moi, Andréane Leclerc (Tangente) March 20-23 Because Leclerc’s contortionism isn’t just a circus trick; it’s a philosophy that allows her to approach and explore space differently. http://dansedanse.ca/DDA_1314/en/ http://www.agoradanse.com/en http://tangente.qc.ca/ http://lachapelle.org/ http://www.usine-c.com/ ![]() Louise Lecavalier attend aux limites de la coulisse et se prépare comme si elle allait entamer une course au coup de fusil. Évidemment, avec elle, c’est le cas. Les lumières de la salle sont encore allumées quand elle s’avance sur scène. Elle est sans peur. Si la chorégraphie est bavarde, c’est de façon surprenante plus au niveau des pieds que des mains. À petits pas rapides, elle ne demeure jamais une seconde sur place. Elle répète un mouvement une demi-douzaine de fois, d’un côté et puis de l’autre, et méthodiquement passe au suivant. Et elle se met au travail au sol, tout en conservant la même esthétique. Elle semble se permettre n’importe quel mouvement (« J’ai voulu laisser le corps dire tout ce qu’il veut dire sans le censurer, » elle dit dans le programme) pour qu'il devienne exutoire, voire exorcisme, quelque chose à expulser du corps. Ces jambes nerveuses se calment et ce sont les bras qui deviennent à leur tour bavards. Le danseur Frédéric Tavernini se joint à elle et épouse son esthétique. Malgré son imposante grandeur, il semble plus léger qu’elle. Ses pieds glissent sur le sol. Même lorsque leurs corps se rencontrent enfin, ils conservent cette esthétique convulsive. Pendant qu’il la transporte d’un côté à l’autre du plancher, elle continue de gesticuler. Ses bras ne veulent pas le laisser tranquille. La précision n’est pas dans le mouvement, mais dans la démarcation de cet esthétique bordélique. Et ils terminent au sol, plus calmes, flottants même, baignant dans une lumière bleue. Le mouvement est sorti. L’exorcisme a fait son effet. 6 & 7 juin à 20h Place des Arts – Théâtre Maisonneuve www.fta.qc.ca 514.844.3822 / 1.866.984.3822 Billets : 43-58$ / 30 ans et moins : 38-53$ ![]() One dancer climbs onstage, wipes the floor with her hand until she is down on her elbows, shaking her ass, at which point another dancer walks up the stage and begins to wipe the floor. There will be twenty-four of them, performing the same series of twenty-five movements, over and over again. This initial canon allows the audience to travel back in time all depending on which dancer their eyes rest on at any given moment. This is Boris Charmatz’s Levée des conflits. It is in one way chaotic because of the sheer number of performers; and yet it isn’t because each is so clearly doing exactly what they should be doing. And the first dancer begins to wipe the floor again, a loop is formed, and we understand: we are locked into this sequence. There is something of Canadian experimental filmmaker Michael Snow in Levée de conflits. Like in his movie Sshtoorrty, in which the same simple short story is not only overlapped but repeated at least ten times. And yet each time the viewer notices something different since human perception is such that not everything can ever be all taken in at once; which is why when people say that, after a certain point, they “got it,” you know they didn’t get it because it’s simply impossible. We can also think of his seminal film Wavelength, a 45-minute zoom across a mostly empty loft. In terms of storytelling, Wavelength is cheekily minimalist, but the celluloid is manipulated to such a degree that on a formal level it is so excessive as (again) to make viewers feel like they have always missed something. With its changes in lighting, no matter how seemingly few, the same could be said of Levée des conflits. And the variations occur. They perform the sequence while going in a circle in a space that progressively gets smaller. Time seems similarly condensed. Then they slow the movements down as they get even closer to each other. One could also be reminded of Michael Trent’s conceptual show It’s about time: 60 dances in 60 minutes, in which dancers repeated the same sequence of fifteen actions four times, each action first taking a minute, then fifteen seconds, then three minutes, then a minute again. Levée des conflits might be less playful than It’s about time, but more ambitious in scope. Then some of the dancers can be seen performing the sequence backwards, until they are all wiping the floor. And the cycle begins anew, abandoning the canon in favor of synchronicity. The choreography’s simplicity gets exposed, and yet it’s also more pleasurable. What is it about synchronicity? Is it because deep down we’re all order-loving fascists? Is it because it gives us something the universe doesn’t? The illusion of control, no matter how trivial? We exit Levée des conflits the same way we entered it, like the characters in Luis Buñuel’s The Exterminating Angel. It will have taken an hour and forty minutes to complete the cycle, but it will be with a feeling of resolution so logical that it might induce chills. I usually try to avoid saying such platitudes, but hopefully the advantage is that when I do say them you know I mean it: Levée des conflits is the best dance show that’s been presented in Montreal this past year. May 30 & 31 at 8pm Place des Arts – Théâtre Jean-Duceppe www.fta.qc.ca 514.844.3822 / 1.866.984.3822 Tickets: 48-58$ / 30 years old and under: 43-48$ ![]() The human body is fragmented by light until it becomes unreadable as such and it becomes a poetic body, a body that means something other than itself. Having seen Lemi Ponifasio’s Tempest: Without a Body at Festival TransAmériques two years ago, I went into his new show, Birds with Skymirrors, knowing what to expect. Even though I was tired, I didn’t drink coffee before the show because I felt caffeine might interfere with my experience. Thank God, because Birds is even more meditative than its predecessor. It even feels like a dream, simultaneously meaningful and elusive; slow, yet slippery. It helps that Ponifasio is an expert at achieving otherworldliness from the get-go, with his creatures in long black robes, moving across the stage in small steps so swift they seem to float. With their synchronized movement, they still seem to function as a single entity. Unlike in Tempest, however, here they do not appear to be threatening. The dream-like state is also induced by unlikely juxtapositions, like when a bare-chested man slowly moves while holding his hands behind his back, making his torso look torturous, while we can hear astronauts communicating over radio. (Maybe the dream is about how, while men were busy trying to reach the moon, they prevented this oil-soaked pelican from flying?) Other similarities with Tempest abound. The set and costumes are entirely black, and the only lights to reveal the action are being reflected off those surfaces. It’s goth as shit. The three women are wide-eyed, with shaking hands, while their bodies remain sinuous. It is the performers’ arms that do most of the talking, turning the dance into a ritual. Ponifosia doesn’t mind making his performers cover the stage in white powder for 5 to 10 minutes, and that’s what makes Birds with Skymirrors so hypnotic. May 29-30 at 8pm Place des Arts – Théâtre Maisonneuve www.fta.qc.ca 514.844.3822 / 1.866.984.3822 Tickets: 43-58$ / 30 years old and under: 38-53$ ![]() Corps de Walk, photo by Erik Berg You might be hearing animal sounds, but human beings are already somewhere else. They are no longer a manifestation of life itself; they have taken it and placed it outside of themselves. It’s now in the nature around them, the nature that used to inhabit them, and in the heavens above. At the beginning of choreographer Sharon Eyal and Gai Behar’s Corps de Walk, the twelve Carte Blanche dancers lift their arms up to the sky like they’re in Alvin Ailey’s Revelations. However, while in the latter the performers couldn’t be more earnest, here something is already off. It reads like parody. By spiritualizing themselves, human beings have become more disembodied, less animal, less human. In her previous show presented in Montreal, Bertolina, Eyal already offered us a microcosm of human society, though in this former vision each was still allowed to retain some individuality. Here, differences are eradicated until uniformity takes over both their appearance and movement. It’s at first funny, then unsettling, and eventually nightmarish. From robots to ballet dancers, there’s only one step. They go there. By dehumanizing themselves, human beings end up parodying themselves. In Corps de Walk, uniformity and synchronicity reach obsessive heights, falling into sci-fi horror territory. Think Village of the Damned, The Stepford Wives, Invasion of the Body Snatchers, and any other movie where a single entity controls multiple bodies. The resulting creatures are androgynous and beige, desexualized, deracialized. Their bodies, overly controlled, are troubling. A dancer shouts: “Now”? Their synchronicity is regimented from the outside, dictated military-style. Obedience is necessary; and disturbing. They are a mindless herd. The togetherness does not feed them; it feeds off them. As opposed to Karine Denault’s Pleasure Dome or Anne Teresa De Keersmaeker’s Cesena, they are but empty vessels. In Denault’s show, you witnessed the ego fade away; here, it is the self itself that is eradicated. The oppression is claustrophobic. On the rare occasions when a dancer escapes the group to execute their own movement, it is liberating; but they inevitably get swallowed back into the mass. (After the show, I heard an astute audience member compare it to Jean-Pierre Perreault’s work.) Dance music blasts over the speakers. As the lights slowly fade, the dancers (barely) move to the beat in a tight formation. They are zombies at the club. Just do like everybody else. Don’t bring any attention to yourself. Don’t stand out. Don’t be. February 28-March 2 at 8pm Danse Danse / Théâtre Maisonneuve www.dansedanse.net / laplacedesarts.com 514.842.2112 / 1.866.842.2112 Tickets: 34,85$-62,34$ Oublions temporairement le 3, c’est le « third wheel, » et concentrons-nous plutôt sur le 2. C’est ce chiffre qui a marqué le passage de TAO Dance Theater à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Deux duos, donc, et un solo coincé entre les deux, la cinquième roue du char.
Premier duo, extrait de Weight x 3, introduction du chorégraphe Tao Ye et de la danseuse, Wang Hao ou Lei Yan. Les deux interprètes apparaissent main dans la main, comme deux enfants qui refusent de se lâcher, sauf pour faire une pirouette ici et là, reprenant immédiatement la main de l’autre comme si c’était une question de vie ou de mort. Chorégraphie aux airs enfantins, donc, mais pour laquelle les danseurs refusent de laisser transparaitre le plaisir sur leurs visages. Leurs mouvements se font miroir ou sont synchros, surtout composés de ballotements de tête, les pieds transportant le corps de part et d’autre, les bras étant évidemment limités. Deuxième extrait de la même pièce, solo de Duan Ni, où la danseuse fait tourner un long bâton autour de son corps. Toujours la même réaction de ma part face à l’accessoire en danse : ce qui est intéressant de l’objet est la contrainte qu’il impose au corps en mouvement, mais il distrait du corps lui-même; je voudrais toujours revoir la même pièce sans l’accessoire. Sinon, ici, ça donne une performance plus appropriée pour une cérémonie d’ouverture aux Olympiques. Enough said. Au final, 2, une pièce qui, contrairement à ses interprètes (Tao Ye et Duan Ni ou Lei Yan), se tient debout. Les danseurs y apparaissent plutôt comme des corps-cadavres manipulés en mouvements isolés, parfois comme des marionnettes suspendus par des fils, abandonnés dans des positions plus inconfortables les unes que les autres. Enfin, une force motrice les habite, mais le corps conserve une fluidité qui les laisse cloués au sol. Ils demeurent accroupis et leurs têtes basses, parallèles au sol, se ballotent comme dans Weight x 3, suivant le mouvement des corps. Ceux-ci sont toujours en relation, souvent près l’un de l’autre, mais jamais en contact. Comme si l’invisibilité de leur visage – qui rappelle le solo If you couldn’t see me (1994) de Trisha Brown – n’était pas assez, les interprètes sont rendus encore plus anonymes. Leurs cranes sont rasés, grisâtres, effaçant les différences entre eux tout comme leurs costumes eux aussi gris, et ils sont souvent dos au public. Même lors que leur visage devient visible, ils se cachent derrière leurs paupières, presque toujours fermées. Ce sont ces contraintes, multiples mais cohérentes, qui élèvent 2 au-dessus des pièces qui la précèdent. www.dansedanse.net www.facebook.com/TAO.Dance.Theater www.youtube.com/user/TDT1026 ![]() L’impression que Cesena – le spectacle de près de deux heures da la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker – laisse pourrait être traître. Je ne peux qu’y penser comme une utopie. Pourtant, si je m’efforce, je dois me rappeler que les premières 30-40 minutes sont exigeantes. Une seule lumière éclaire à peine la scène, de sorte que l’action est pratiquement invisible même lorsqu’elle est excessivement dynamique. Les interprètes sont alors moins corps que contours, moins physiques qu’audibles. La scène est parsemée de sable formant un large cercle et, typique pour De Keersmaeker, les pieds des interprètes trainent sur le sol. Pied contre sable, sable contre sol. Plancher sablé. Les interprètes ne volent pas, ne flottent pas. Leur danse est bien ancrée dans le poids indéniable du corps qui les humanise. Ils sont dix-neuf en tout, certains danseurs, certains chanteurs, sans toujours qu’on puisse les différencier, même si on peut souvent le deviner. C’est que tous les interprètes s’adonnent autant à la danse qu’au chant. Pour cette dernière, on retourne au quatorzième siècle avec l’ars subtilior, ici dirigé par Björn Schmelzer. Le peu que l’on aperçoit nous laisse déjà entrevoir la communauté. Les mains des uns reposent sur les épaules des autres alors qu’ils se déplacent à l’unisson. Une note, un pas. Silence, immobilité. La danse et le chant deviennent indissociables. Après tout, ils émanent tous deux du mouvement. Et une deuxième lumière. Ce n’est qu’à ce moment qu’on découvre le genre, qui se trouve être hors du commun pour un spectacle de danse contemporaine. Seize hommes et seulement trois femmes. Et une troisième lumière. J’ai parlé d’utopie parce qu’il y a ici une parfaite balance entre la communauté et l’individu. Les interprètes se supportent, souvent plus moralement que physiquement, mais aussi s’effacent vers les côtés de la scène lorsqu’ils doivent laisser de la place aux individus qui se démènent dans l’extase. On retrouve aussi cette dualité dans les costumes. Leurs chandails, pantalons et robes sont tous foncés, clairement le fruit d’une coordination esthétique. Par contre, aux pieds, on devine de par l’éclectisme coloré qu’on y trouve que chacun porte ses espadrilles préférées. Vers la fin du spectacle, certains échangeront leur sombre chandail pour un plus coloré. Je parle aussi d’utopie à cause de l’effacement des rôles prédéterminés qui permet à tous les interprètes de s’adonner à la danse et au chant. Oui, on peut deviner que certains sont plus danseur que chanteur (et vice versa), mais ce n’est pas perçu comme étant « meilleur » ou « pire. » Ce sont tout simplement différentes qualités de mouvement et de voix qui émergent. Ils sont tous beaux. Cesena 1-2 juin à 20h Théâtre Maisonneuve www.fta.qc.ca 514.844.3822 / 1.866.984.3822 Billets à partir de 35$ |
Sylvain Verstricht
has an MA in Film Studies and works in contemporary dance. His fiction has appeared in Headlight Anthology, Cactus Heart, and Birkensnake. s.verstricht [at] gmail [dot] com Categories
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